Extrait du journal

de la vie ; elles n’ont point inspiré à ces générations nouvelles, je ne dirai pas l’instinct du sacrifice, mais la no tion même de la .nécessité de l’effort quand on peut faire cet effort. Pour être fixé là-dessus, il suffit de constater que devant les infamies qui s’accomplissent, rien n’est changé à l’existence mondaine, que les fêtes sont presque aussi nombreuses, les toilettes aussi brillantes, les théâtres distingués aussi remplis. Le résultat des paroles énergi ques et viriles qui ont réveillé un peu le Vatican endormi sera néan moins considérable. Le langage du Pape rétablira presque instantané ment un peu de discipline, d’ordre et de confiance parmi les catholiques français. Livrés à eux-mêmes, ahuris et scan dalisés de voir certains évêques, qui auraient dû être des bergers et des chefs, s’épuiser en platitudes et en servilités devant les fonctionnaires qui commettaient des actes mons trueux, même au point de vue humain, les fidèles s’abandonnaient peu à peu à toutes les sornettes, à toutes les turlutaines, à toutes les rêvasseries des abbés Loisy et autres sophistes. Le discours du Pape sera pour eux comme un sursum corda. La parole de Pie X aura un écho chez ceux mêmes qui ne soi. t plus des catholiques de croyance, mais qui ont encore gardé des sentiments d’honnê tes gens. Le Pape a placé la question sur son véritable terrain en disant que ce qui se passait chez nous était une atteinte à la civilisation. Quand on expulse de leur domicile, d’un domicile qui est le leur, de pau vres religieux infirmes, l’un de 70 ans, l’autre de 75 ans, qui demandent à demeurer ensemble pour se soigner mutuellement,ce ne sont pas les droits de l’Eglise seulement que l’on outrage, ce sont les droits de la civilisation. Quand on jette hors de chez elles d’humbles filles, qui n’ont commis d’autre crime que de secourir les mal heureux ou d’instruire les enfants du peuple, quand on les prive de leur pain, c’est la civilisation que l’on foule aux pieds. Si de telles horreurs se passaient en Russie, les radicaux et les socialistes feraient une jolie musique et entonne raient le grand air de l’Humanité et de la Civilisation. Lorsque le Pape énumérera toutes les atrocités et toutes les ignominies qui se sont succédé depuis le minis tère Waldeck, et surtout depuis le ministère Combes, dans une de ses protestations éloquentes qui, au temps de Pie IX retentissaient à travers l’Univers, il y aura tout de même une certaine émotion en Europe. Malgré tous les journaux Francs-Maçons et Juifs, le monde entier se dira : <« Estil possible que la France en soit là ! » Beaucoup de républicains qui affec tent de ne pas prêter attention aux spectacles de chaque jour et de n’y voir que des discussions de journaux, baisseront involontairement la tête quand ces vérités seront dites du haut de la chaire de Saint-Pierre et ils éprouveront un tardif mouvement de honte, qui sera tout à leur honneur. Il paraît que quelques-uns de ces endormeurs, de ces éternels prêcheurs de résignation, de ces empêcheurs de tout, comme Vanutelli, auraient essayé d’inquiéter Pie X et de lui montrer les inconvénients que présenterait la publication du discours qu’il avait adressé aux cardinaux. Le Pape s’est contenté de répondre qu’il tenait avant tout à faire son devoir de Pape. A d’autres, qui cherchaient à le faire capituler, en lui signalant le danger qu’il y aurait à ne pas accepter la no mination d’un évêque indigne, il au rait répondu simplement, à ce qu’as sure notre confrère Guibert : «« Mon devoir avant tout, quant au reste, Drus providebit ». î$i Pie X continue à agir et à parler...