Extrait du journal

j’ai beau faire... ça me revient tout V temps.... Le vieux Monsieur. — Vous n’ètes pas de Paris?... La Femme. — Non... j’suis... de... d’ la Butte un village en pro vince.... Eæ vieux Monsieur. — Loin?.» IjA Femme. — Pas déjà!.... 1,e vieux Monsieur. — Vous n’avez pas peur, vous, madame?... La Femme. — De quoi?... Le vieux Monsieur. *— De tout... ainsi, moi, depuis que ma femme est morte... que je suis tout seul dans mon appartement La Femme (se rappelant la recomman dation.) — Où qu’ c’est qu’ Monsieur reste?.... Le vieux Monsieur. — Rue Fon taine... La Femme. — Ah !... là où qu’ c’est qu’on a voulu démonter l’eitron du vieux?... Le vieux Monsieur. — S’il vous plaît... démonte” quoi?... La Femme. — Je voulais dire qu’on a voulu assassiner ce vieux Monsieur... Le vieux Monsieur. — Précisément... et depuis lors, je ne ferme plus l’œil.... déjà avant.... depuis que je suis seul dans l’appartement, j’avais peur.... Mais c’était des peurs vagues.... je ne savais pas au juste ce que je redou tais... tandis que maintenant... La Femme. — Maint’nant... Le vieux Monsieur. — Je m’attends à chaque minute à être assassiné... je n’ose même plus rentrer chez moi.... tant j’ai peur d’être seul La Femme. — Ben... vous avez pas vot’ bonne ?.... Le vieux Monsieur. — Non... elles s’ennuient chez moi, les bonnes !... elles ne restent jamais longtemps. Alors j’ai une femme de ménage qui vient de 7 à 9 et de 5 à G... je suis sorti ce soir dès qu’elle a été partie— je ne pouvais pas rester.... je ne pou vais pas La Femme. — Faut vous faire eun’ raison... (se ri tuant) Voul’ vous que j' vous r’conduise, moi?... Le vieux Monsieur. — Je vous re mercie, madame... je vous remercie de votre bonté... Mais après— Quand vous seriez partie... je serais tout*seul dans ces grandes pièces désertes. La Femme (intéressée).— Alors, c’est grand, ta cambuse? Le vieux Monsieur. — S’il vous plaît?... La Femme. — Je veux dire... C’est grand chez vous, monsieur?.... Le Monsieur. — Trop grand pour moi.... Oh !.. Oui!., enfin, ici, n’estce pas?., la nuit, .... car il fait nuit tout à l’heure... je devrais plutôt avoir peur.... eh bien, non, c’est là-bas que j’ai peur... là-bas, entre ces murs... derrière ces portes.... où je crois de viner des gens cachés et j’en suis à me demander si je n’aime pas mieux passer la nuit sur ce banc, comme un misérable vagabond, que de rentrer chez moi, que coucher dans mon lit... La Femme. — Voyons?... T’es pas raisonnable!... (se reprenant) C’est pas raisonnable!... Le vieux Monsieur. — Ici, il y a de temps en temps des gens qui passent... il y a vous qui êtes venue vous as seoir... il y a ce restaurant... c’est le mouvement.... c’est la vie.... là-bas... c’est la solitude c’est la peur La Femme. — Et vous pouvez pas faire monter V pipelet ?— (se repre nant) 1’ concierge?... Le vieux Monsieur. — Je l’ai fait quelquefois... il ne veut plus ça l’ennuie ! La Femme. — Comme les bonnes?.... (prised’une inspiration) c’t’ égal.... sont difficiles, les bonnes !... j'en connais qui seraient bien contentes d’ l'au baine? Le vieux Monsieur (vivement). — Vous en connaissez, madame ?... Vous en avez une à placer, peut-être.... une qui sort de chez vous?... La Femme (air doux et modeste). — De chez moi?... mais je n’ suis pas c’ que vous croyez, m’sieu.... je ne suis pas eun’ patronne, moi, j' suis eun’ bonne... Le vieux Monsieur (surpris). — Vous?... (il cherche à la voir dans l’obscurité). La Femme. — Oh!., j’suis pas chouette., j’suis pas nippée... si m’sieu m’ voyait au jour.... Le vieux Monsieur. — Mais... vous parliez d’une bonne qui serait contente de... est-ce que c’est de vous que vous parliez?... 14 Fbmmç,— gûr que c’est d’moi U...