Extrait du journal
Il paraît que le fer-blanc est accaparé. Quels peuvent bien être les mabouls, vous direz-vous, qui accaparent le fer-blanc ? Vous ne réfléchissez pas, sans doute, que c’est avec le fer-blanc qu’on fabrique les boîtes de conserve. Que dans les boîtes de conserve, on met non seulement de la sar dine de Nantes, mais encore des petits pois, des haricots, des tomates, des asperges, et aussi le bœuf qualifié irrévérencieusement de singe par les poilus. Le fer-blanc accaparé, c’est, au gré des accapareurs, la vie rendue plus chère cet hiver, ou même la famine organisée. C’est le «singe» supprimé à la veille d’une guerre toujours possible, et la troupe privée de ces aliments de conserve qui permettaient à cha que soldat d’attendre le ravitaillement trois et même quatre jours. Il suffit d’avoir considéré les bords d’une voie ferrée pendant la. guerre et de compter, même encore aujourd’hui, si on en a le temps, le nombre de boîtes vides qui gisent dans les fossés, l’espace de cent mètres, pour se rendre compte de l’importance que l’aliment de conserve a prise dans la vie de ce peuple. On n’a pu empêcher les haricots, les petits pois de pousser, les sardines et les petits maquereaux de foisonner dans l’océan; les boeufs de paître dans nos pâturages. On n’a pu susciter des grèves assez longues dans les usines de conserve pour créer la famine pen dant tout un hiver. Alors, ne pouvant détruire le contenu, on retire le contenant de la circulation. Ce sont toujours les choses les plus sim ples qui sont les plus difficiles à trouver. Il faut dire que, dans un pays aussi fertile que la France, la famine est encore plus chère à créer que le ravitaillement ! Mais on compte y parvenir. Quand les usines n’auront plus de ferblanc, les produits à mettre en boîte pour riront et seront perdus. L’idéal serait que l’humanité pût faire comme la marmotte qui peut se gaver à l’au tomne pour tout un hiver et dormir jusqu’au printemps sans manger. L’humanité, hélas, est inférieure à la mar motte sur ce point ! Jean Drault....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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