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La Libre Parole, 24 janvier 1896

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La Libre Parole
24 janvier 1896


Extrait du journal

l’Histoire, devraient reposer en paix comme en un cimetière inviolé, n’a vez-vous pas exhumé leur mémoire pour la mieux dépecer et salir? Il a fallu vous, pour oser reprendre et propager contre Marie-Antoinette — qui fut reine, mais qui fut victime — l’accusation du plus honteux des vices féminins! L’Impératrice? Tant qu’elle était régnante, il se comprenait qu’on l’af frontât. L’espèce de l’attaque, alors, est affaire entre l’agresseur et sa conscience— car, au passif des portecouronnes, toute suprématie inscrit une dette, toute omnipotence com porte une rançon. Et l’outrance de l’insulte a, pour atténuation, l’ou trance du risque encouru. Mais quand cette souveraine ne fut plus qu’une détrônée, quand cette épouse ne fut plus qu’une veuve, et quand seule, âgée, elle dut subir en core le suprême deuil maternel, de quelles invectives de borne, pamphlé taire héroïque, n’avez-vous pas lapidé sa douleur? Et toutes, toutes, depuis ! A madameRouvier, agonisante, vous appreniez, publiquement, que son mari la trompait ; à la petite Wilson — qui avait cinq ans ! — vous repro chiez ses poupées; vous racontiez à qui voulait l’entendre, sur madame de Bonnemain, mourante aussi, les pires ordures (c’est elle-même, à Jersey, qui j s’en est plaint au témoin occulaire qui me l’a rapporté) et vous essayiez de lui faire assumer la responsabilité d’une fuite que, plus que personne, vous aviez exigée.... afin de couvrir la vôtre ! Enfin, il n’est pas une Sœur de charité, il n’est pas une Petite Sœur des Pauvres, sur la robe de bure de qui n’ayez bavé ! Oui, décidément, il est bien que ce soit une femme qui crève d’un coup de plume la Tarasque en baudruche, et montre cette guenille au peuple ré joui. **» Mais vous me rendez, vraiment, la tâche un peu trop facile, par les inouïes maladresses, par les vérifiables men songes, que vous accumulez comme à plaisir, depuis le début d’une querelle dont l’initiative vous revient, ainsi qu’en témoigne votre article du IA jan vier. Car vous êtes tant habitué à la couardise, que la réplique de mon Carnet — bien modeste, en effet, par rapport à un tel débordement d’inju res — vous a semblé insoutenable. Et vous avez menti, ainsi que l’établis sent les pièces dont la reproduction suit, dont les originaux sont entre mes mains. Et je vous regardais vous débattre... avec quel mépris ! En votre for intérieur, sachant bien que je disais vrai, vous espériez vous en tirer, d’abord, par la négation ; en suite, par une pirouette, suivant votre coutume; au besoin en épiloguant, vaudevilliste suranné, sur les deux lits du papa, quitte à méconnaître ce que tout le monde sait : que la fraternité du fait paternel, de même valeur que l’autre au point de vue du sang, la prime quant au nom, quant à la loi. Que vous était donc M. Julien Re naud, votre secrétaire à Belle-Isle-enMer, que vous souhaitiez emmener en Nouvelle-Calédonie ? Vous ne lui dé niez pas, à celui-là, la qualité de pa rent ? Que vous était donc ce digne homme, cet ouvrier au cœur très fier, que, voilà six ans, vous reçûtes à l’/ntransiyeant, un soir qu’il avait laissé au logis le père de sa femme presque mourant, sa femme enceinte de leur sixième petit, crachant le sang à pleine bouche, et qui, cependant, quoique bien dénué, venait seulement vous demander du travail : un mot de recommandation sur votre carte, pour l’une des imprimeries dont c’eût été le « Sésame ouvre-toi » ? Vous ne l’avez pas nié, votre pa renté, ce jour-là; niais elle vous ren dit singulièrement de méchante hu meur. Et, avec brusquerie, tirant de votre portefeuille un billet de cent francs qui tomba sur la table : — Enfin, c’est de l’argent que vous voulez, n’est-ce pas ? Hé ! bien, teiiCZ, en voilà! Le pauvre homme se leva, et partit... sans sa recommandation, mais aussi sans votre aumône. Il serait plutôt mort de faim que jamais rien vous redemander; et il a fallu la grande détresse de cet hiver pour que sa femme — la mère ! — voyant trop pâtir la nichée, s’en fût vainement frapper à votre porte avant que d’é chouer à la mienne ! Niez-vous toujours ? Dites-vous tou jours que votre femme fut « fi le uni que », alors que son père lui adjoignit, sous le même nom, au même foyer, quatre sœurs et cinq frères ?...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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