Extrait du journal

ENCORE YVES GUYOT Yves Guyot n’a vraiment pas de chance. Voici que ses collègues en radicalisme eux-mêmes le lâchent. On sait qu’Yves Guyot qui, sans doute, approuve les brutalités policières du 1er mai, puisqu’il a voté des deux mains les poursuites contre Baudin, était jadis un des plus enragés détracteurs de la police. Or, hier, Camille Pelletan le lui rappe lait dans la Justice, et lui mettait sous le nez ces quelques lignes extraites de l’une des élucubrations du « Vieux petit em ployé » : En France, on peut dire à peu près ses vérités à tout le monde, depuis le prêtre jusqu’au président de la République, sauf à l’agent de police. Celui-là est sacré... S’il vous passe à tabac, empressez-vous de dire merci. Et encore non, ce serait imprudent, il pourrait prendre ce mot pour une ironie, et l’ironie constitue un outrage. Ne dites rien, et encore vous ne serez pas sûrs d’échapper à la police correctionnelle ; car pour qu’il y ait outrage, il n’est pas be soin que vous ayez parlé : il suffit qu’il dise que vous avez parlé. Son affirmation est un article de foi. J’ai entendu certaines vieilles femmes, pour affirmer la vérité de quelque récit, dire : Parole d’Evangile i Les magistrats remplacent cette locution par celle-ci : Parole de policier. Celui qui avait écrit ces lignes, ajoute Camille Pelletan, admet pour un de ses collègues les traitements qu’il trouvait révoltants quand on les appliquait aux voleurs!... Quoi d’étonnant à cela ? L’ancien mi nistre inaugurateur n’en est pas à une pa linodie de plus ou de moins. Il est tellement habitué à trahir les au tres qu’il devait fatalement arriver à se renier lui-même. G. M....