Extrait du journal
Ce que j'ai dit hier à l’occasion de ce fameux scrutin sur l’article U, qui restera comme une des plus joyeuses parmi les fumisteries parlementaires, n’est déjà pas mal, mais il y a mieux. Tout a été cocasse là-dedans, mais avouez que le vote de Buis son, par exemple, ne manque pas de gaieté. Buisson est président do la commission de séparation. Ladite commission avait dé libéré sur la rédaction nouvelle proposée par le rapporteur et qui était la cause de toute la bataille. A une forte majorité, elle l’avait adoptée. A trois reprises, le rapporteur était venu défendre l’article à la tribune. On vote, et que fait le président de la Commission ? Il vote contre l’article, donnant ainsi à son rapporteur le plus brutal désaveu. Si l’article eut été repoussé, M. Briand mis ainsi en minorité était bien obligé de donner sa démission. Et c’est le président de la commission lui-même qui se pose comme son adversaire 1 Cela prouve bien, une fois de plus, l’état d’affolement, l’état d’anarchie pour mieux dire qui règne au sein de cette commission. Mais toujours à l’occasion de cet arti cle h, nous recevons, de nombreux catholi ques, des lettres qui nous font craindre que le vote émis en la circonstance par les dé putés de la droite n'ait créé dans le monde catholique un état d’esprit que je crois trop optimiste. En somme, quelle garantie l’article h donne-t-11 aux catholiques ? Aucune. Je sais bien que les déclarations libérales n’ont pas manqué, aussi bien de la part de M. Jaurès que do la part du rapporteur. Mais qu’y a-t-il dans le texte de la loi? Quel mot peut être une garantie? Je n’en vois pas. Or, c’est sur le texte écrit des lois que jugent les tribunaux et non pas sur telle ou telle déclaration du rapporteur, fût-elle empreinte do l’esprit libéral le plus parfait. Je connais une loi qui fut votée par les législateurs d’alors, dans un esprit libéral indéniable, la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Les législateurs de 1881 voulaient que la connaissance do tous les délits com mis par la voie de la presse, et visant des hommes investis d'une fonction publique, fussent déférés à la Cour d’assises. Relisez les débats qui précédèrent le vote de la loi, et vous verrez qu’une pensée vrai ment libérale inspirait tous ceux qui par laient en sa faveur. Voyez cela et voyez ce que les juges ont fait de cette loi qui n’est malheureusement pas, dans son texte, assez claire, assez pré cise, assez nette. Pas do Cour d’assises, tou jours la police correctionnelle, tel est le mot d’ordre que respectent tous les robins y compris les infâmes magistrats de la Cour de cassation. C’est en violation do la vo lonté du législateur qui fit la loi. mais, hé las ! c’est conforme au texte écrit. En décidant de la sorte, ces coquins de magistrats savent bien qu’ils violent Tcsprit de la loi, mais ils en respectent le texte, et cela suffit. —- les Journaux, dans des, discours...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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