Extrait du journal

Un souvenir de 1870 La veille de la Noël, en 1870, on fut des plus surpris en voyant circuler, dans les villes rhénanes, Mayence, Coblentz, Cologne, etc., de nombreuses patrouilles de fantassins de l’active et de la landwehr. Tous les officiers prisonniers avaient reçu l’ordre de rejoindre leur domicile avant neuf heures du soir. La population, assez émue, se demandait ce qui avait pu motiver un tel déploiement de forces. Les Français, de leur côté, s’interrogeaient les uns les autres. Il y avait de l’inquiétude un peu partout. On citait le cas de quelques camarades conduits à la Commandantur ; il devait se passer quelque chose de grave. Voici ce que l’on apprit un peu plus tard : Quelques prisonniers, camarades de popotte, avaient décidé de se réunir, dans la soirée de Noël, pour parler en commun de la Patrie, dépouiller les journaux étrangers où se trouvaient les récits des combats qui avaient lieu sous Paris, à l’armée du Nord, sur la Loire, évoquer le souvenir de ceux qui étaient tombés sur les champs de bataille. — Nous parlerons de notre chère France, avaiton dit : ce sera notre « Réveillon ». Un mouchard — un Allemand, inutile de le dire — avait pu saisir, parmi les quelques mots, celui de « Réveillon » , mais il entend « Rébel lion ». Tout ému, il va faire son rapport au mayor de la place. Et voilà pourquoi les rues de certaines villes rhé nanes étaient sillonnées de patrouilles prussiennes, dans la soirée du 24 décembre 1870, pour s’oppo ser à la grande « Rébellion » des Français. — Un ancien prisonnier. 4 GARE AUX JUIFS !...