Extrait du journal
/ Parler encore de lui, après Drumont et Barrés, c’est n’avoir guère d’amour-propre littéraire, mais c’est remplir un devoir du cœur. Et nous l’aimons tous si sincèrement qu’il nous semble que la littérature n’a rien à voir dans l’expression de nos regrets, qu’il* importe surtout d’en parler le plus possible, que, d’ailleurs, il avait répandu assez de sa vie débordante, pour que chacun ait pu en garder une impression personnelle. J’engage tous les hommes curieux 'de voir, non dans les livres, mais de leurs yeux, la Vérité venger la mé moire de l’un de ceux qui l’ont aimée et servie, à suivre du regard la glo rieuse légende qui s’élève déjà audessus du cadavre encore gisant sur le sable du désert. Certes, ils ne manquent point, les lâches qu’il avait fait trembler durant sa vie, à qui Morès aurait pu crier le mot du soldat grec, couché sur le champ de bataille, au vautour qui lui déchirait la poitrine : « Mange, oiseau, c’est la chair d’un brave. Ton bec en croîtra d’un empan ! » Ils sont, liélas! nombreux les Français corrompus ou traîtres dont il a cinglé la face, qui se joignent, à l’heure présente, aux Juifs et aux Anglais, ses assassins, pour se réjouir et ricaner de la lin prématu rée, tragique, d’un si fier et si redou table ennemi. Vengés, ils croient que ce sont eux qui viennent de l’être ! Mais, la Vérité qui, cette fois, a pour elle la conscience, l’admiration, la sympathie de tous, apparaît si im posante, que c’est seulement en secret, entre eux, qu’ils osent épancher la bassesse de leurs âmes. Et, si quel ques-uns élèvent la voix, c’est parce qu’ils sentent du moins que c’est s’ho norer que d’ajouter leur hommage à l’hommage universel, que de donner à l’ennemi qu’ils traitaient, hier, de « calomniateur », de « spadassin », de a fou », son vrai nom, son nom de Héros. Héroïque, Morès le fut par voca tion. Il l’était si tranquillement, si élégamment qu’on était tenté de croire que, s’il n’avait pas voulu l’être, il ne l’aurait pas pu. En un temps où l’on ne meurt plus de honte, où l’on en vit, il ne cessa d’ambitionner une page d’honneur écrite avec son sang, à côté de celles dont il rougissait et qu’il ne pouvait arracher de l’histoire de son pays. Héroïque, Morès le fut de la mapière la plus rare, par sa façon de iâ vie. fljrêvait de gloire, i...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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