PRÉCÉDENT

La Libre Parole, 25 octobre 1923

SUIVANT

URL invalide

La Libre Parole
25 octobre 1923


Extrait du journal

Pas de tactique plus absurde que celle de l'autruche. Pour agir efficacement, il faut avoir le courage de regarder la véri té en face. Et la vérité est que le mouve ment rhénan n'a pas fait un bon départ. 11 y a d’autant moins d’inconvénients à le constater que la situation crève les yeux et que rien n’est encore compromis. A une condition, c’est que I on sache voir où le bât blesse et y porter remède. Si le mouvement n’a pas pris le déve loppement rapide et méhodique que l’on at tendait, il ne faut, certes, pas en accuser l’excès de résistance. Les masses sont res tées inertes. Elles ont F entraînement de la discipline et leurs préoccupations du mo ment ne sont pas dans la politique. Quand un peuple est en détresse, il ne songe qu’à sortir de sa misère. Il est prêt à accueillir tous les espoirs sérieux mais aussi il se défie des promesses. Il attend les résultats. Telle est l’attitude de l'immense majorité des populations rhénanes. Il y a évidemment des opposants et il w* pouvait pas ne pas y en avoir. Un sièie do domination prussienne n’a pu pas ser sans laisser une empreinte, sans créer des intérêts et allumer des passions. La réaction des éléments nationalistes était inévitable. De même la poussée nettement centralisatrice des éléments communistes. On ne peut dire que ces deux facteurs se soient encore manifestés avec une grande intensité. Ils ont été surpris, ils redoutent l'intervention des baïonnettes françaises et belges. Nulle part, ils n’ont manifesté une force suffisante pour arrêter un mouve ment bien organisé et soutenu efficace ment. Le malheur est que ces deux conditions n'ont pas été remplies du moins dans les premiers jours de la crise. Nous aimons à penser que la critique ne sera bientôt plus justifiée. C'est déjà trop qu’elle l’ait été. Le défaut d’organisation ressort du ca ractère sporadique qu’a revêtu de mouve ment. La première explosion en un point excentrique et sous la direction d’une per sonnalité de second plan pouvait se conce voir comme lever de rideau à condition d’ê tre suivie très rapidement d'un scénario bien réglé. Autrement on se trouvait en présence de gestes décousus, d’initiatives mal réglées. C’est malheureusement ce qui s’est passé. Dès son origine, le mou vement rhénan a pris des allures frag mentaires. Une série d'hommes bien inten tionnés mais ayant des conceptions et des intérêts assez divergents ont agi isolément chacun organisant sa petite affaire avec le désir de supplanter le voisin au moins autant que de chasser les Prussiens. Un ef fort de concentration a bien été tenté dans les dernières semaines du moins entre Dorlen, Matthes et von Metzen. Mais Smeets est resté à l’écart et Dockers a pré paré tout seul son pétard. Les chefs rhénans ont. sans doute, recon nu un peu tard l’inconvénient de la mé thode et ils ont cherché dès le lendemain du coup d Aix-la-Chapelle, à se grouper. Ils semblent même y être arrivés dans une certaine mesure. Un Directoire exécutif a été créé. Il reste à discipliner les troupes et à combiner les mouvements. Cela peut très bien se faire si la résistance ne se développe pas et surtout si le mouvement trouve enfin les appuis résolus sur lesquels il a le droit de comp ter. Ces appuis doivent venir des autorités françaises et belges. Celles-ci n ont plus le droit de rester sur la réserve. Nous avons dit que la passivité camouflée sous l’éti quette de neutralité était une absurdité dès l’explosion du mouvement. Maintenant que la partie est engagée péniblement, l’abstention serait pire qu'une sottise : une faute impardonnable. Il faut bien nous dire que,si par malheur, le mouvement venait à avorter,personne ne nous tiendrait le moindre compte d’une prétendue correction dont personne n’est dupe. Les Prussiens nous accuseraient avec d’autant plus de violence qu’ils se sen tiraient les plus forts. Les Anglais et les neutres nous critiqueraient d'autant ni us sévèrement que tour impuissance nous lais sait le champ libre. Quant aux Rhénans, ils nous en voudraient et avec juste rai son de les avoir laissés livrer un combat qui est le nôtre autant que le leur sans leur apporter le concours sur lequel ils avaient le droit de compter. Qu'on ne vienne donc pas nous dire : « Il faut attendre et voir la tournure que prendront les choses. » C’est absurde. La vérité est qu’il faut que les événements tournent à notre avantage et il ne doit pas en être autrement puisque nous avons dans les mains tout ce qu’il faut pour as surer le succès. La bille affaire que l'on dise demain que c’est la France qui a fait la République rhénane du moment que la République rhénane assure à la fois le bonheur des Rhénans et la sécurité de la France î...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

En savoir plus
Données de classification
  • léonard constant
  • baldwin
  • combes
  • bulteau
  • joseph denais
  • marc
  • dubois
  • henry
  • constant
  • roland-gosselin
  • france
  • paris
  • aix-la-chapelle
  • ruhr
  • le rhin
  • coblence
  • allemagne
  • berlin
  • duisbourg
  • juliers
  • mayence
  • la république
  • eglise catholique
  • drouot
  • sympa
  • parti républicain
  • l t.
  • conseil de cabinet
  • parti populaire