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La Libre Parole, 26 juillet 1909

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La Libre Parole
26 juillet 1909


Extrait du journal

corne orné d’un immense plumet, le petit hom me sort de chez lui ; mais à peine dans la rue, on l’entoure ; le rassemblement grossit et bien tôt il se trouve au milieu d’un tas d’hommes ar més de toutes sortes d’armes qui s’interrogent mutuellement... Quand la foule est bien com pacte, le petit homme monte sur une table qui se trouve juste à point devant une boutique et là, d’une voix forte : — Mes amis, je suis le général Dubourg ; voulez-vous me suivre ? — Qu’est-ce que le général Dubourg 2 deman dent les uns. — Gomment ! vous ne connaissez pas le gé néral Dubourg ? accentuent les plus ignorants, —- le fameux général Dubourg ?... Et, tout à coup, comme mus par un ressort, sans savoir pourquoi, tout ce monde fait en tendre un immense cri de : Vive le général Du bourg ! \ la tête de cette colonne, le général impro visé marche sur l’Hôtel de Ville, que les trou pes avaient abandonné, s’en empare et s’y ins talle. Mais survient J.-J. Bande, du Temps, qui réclame sa part de pouvoir. Après un instant d’entretien entre ces deux audacieux, le général Dubourg nomme le journaliste secrétaire géné ral du « Gouvernement provisoire ». — De quelle couleur notre drapeau, général ? lui demande respectueusement un des insurgés qui ne l’avait jamais vu. Et, sans hésiter, avec un superbe aplomb, le général Dubourg répond : — Il nous faut un drapeau noir jusqu’à ce que la France ait reconquis ses libertés ! Plusieurs amis, — de vrais ceux-15, — de Charles X, furent trouver le roi à Saint-Cloud pour rengager à retirer les Ordonnances, lui as surant que le peuple désarmerait immédiate ment. Il ne voulut pas les écouter, subissant l’iniluence néfaste de M. de Polignac qui lui affirmait qu’il maîtrisait la Révolution. Quand le 30 juillet, Charles X voulut abdi quer en faveur de son petit-fils, le duc de Bor deaux, il était trop tard ; il fallut prendre la route de l’exil. Charles X, comme tous les rois qui se lais sent circonvenir par des courtisans avides de pouvoir et d’honneurs, pcixlit le trône de France que le brave petit roi de Navarre, Henriquet, avait conquis et légué, glorieux, à sa race qui avait, en somme, fait la France puissante et respectée, — ce qui faisait dire à Frédéric-leGrand, roi de Prusse : — Si j’étais roi de France, il ne se tirerait pas un coup de canon dans le monde sans mon consentement. Que dirait aujourd’hui Frédéric II s’il re voyait la France telle que l’ont faite les Juifs les Protestants et les Francs-Maçons ?... Le 31 juillet, le duc d’Orléans, accompagné de La Fayette et des députés libéraux, se présenta à l’Hôtel de Ville, où il fut reçu au milieu des combattants des « Trois Glorieuses ». A la ha rangue que lui adressèrent les députés lui o; Iront la couronne, il répondit : — Comme Français, je déplore le mal fait au pays et le sang qui a été versé. Comme prince, je suis heureux de contribuer au bonheur de la Nation. Les députés applaudirent. Tout à coup, le général Dubourg sortit d’un groupe d’élèves de l’Ecole polytechnique qui at tendaient la tête haute et l’épée nue, s’avança vers le duc d’Orléans, étendit la main dans la direction de la place, noire d’hommes armés et dit : — Prince, vous connaissez nos droits ; si vous les oubliez, nous vous les rappellerons. Le duc d'Orléans, dès cet instant, devint le roi Louis-Philippe I". Quant au général, comte Dubourg, qui, pen dant trois jours, fut. maître absolu de Paris et gouverna en dictateur, il disparut de la scène politique et l’on n’en entendit plus parler. 11 mourut en 1850, pauvre et ignoré. Sa vie avait été des plus agitées. Né en 1778, il s’engagea fort jeune dans la marine royale et lorsque les Vendéens se soulevèrent, il marcha avec eux contre les Bleus. Blessé et fait prisonnier par les Républicains, il s’engagea dans les troupes de Bernadette, dont il suivit la fortune jus qu’en Suède. Lors de la campagne de Russie, Napoléon lui donna le commandement d’un corps polonais ; prisonnier des Russes, il ne revint en France qu’à la rentrée des Bourbons, occupa peu de temps un emploi au ministère de la guerre et ne reparut que pendant les « Trois Glorieuses » — comme nous venons de le voir. Cet épisode prouve qu’en temps de révolution, le pouvoir appartient à qui sait et a le courage de s’en emparer : eux audacieux....

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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