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La Libre Parole, 26 mai 1911

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La Libre Parole
26 mai 1911


Extrait du journal

LE JUGE DE PAIX ET LA BONNE Moinaux suivait assidûment les séances de la correctionnelle. Il en tirait des dialogues brefs, exceptionnellement hilarants. On ne suit pas assez les audiences de jus tice de paix. On en tirerait des enseignements précieux. Une bonne appelait récemment ses maîtres, devant le juge de paix du huitième, en paie ment des gages de son dernier mois. « On ne lui en avait payé, disait-elle, que la moitié. » — Parfaitement ! répondaient les maîtres, mais pour une bonne raison, c’est que le quinze du mois, elle nous avait demandé, comme avance, la moitié de ses gages du mois, et que nous lui avons accordé cette avance. A la fin du mois, en partant de chez nous, elle ne devait donc pas s’étonner de ne recevoir que la seconde moitié de son mois restant due... Interrogée par le juge, la bonne nia éper dument avoir reçu la moindre avance. — Vous paierez donc le mois entier î dit le juge aux maîtres ? — Alors, vous croyez que c’est nous qui mentons ? — Du tout ! Je suis même convaincu que c’est elle qui ment ! —- Et vous nous condamnez ? — Absolument ! La loi m’oblige à le faire ! C’est au débiteur à faire la preuve qu'il s’est acquitté. Avez-vous une preuve ? Un reçu ? — Jamais nous n’avons songé à faire signer : un reçu à une bonne ! Personne ne fait cela î — C’est un tort ! — Si cette fille qui est restée six mois à notre service avait déclaré devant vous que nous lui devions ces six mois, vous nous auriez donc condamnes à les lui payer une seconde fois ? • — Absolument ! — Ouf ! Nous l’avons échappé belle ! Mais nous nous demandons pourquoi elle s’est privée de faire ainsi doubler ses gages ! Nous paierons donc un demi-mois que nous ne devons point, M. le juge de paix, c'est convenu ! Mais nous vous demanderons de nous appuyer pour une requête... — Laquelle ? — Cette fille s'étant contentée de nous faire payer un demi-mois alors qu’elle pouvait, par votre entremise, nous en faire payer six, nous estimons qu'elle mérite le prix Mcntyon et nous allons le demander pour elle... Le juge de paix sourit : — Mais faites donc signer des reçus à vos bonnes ! Je le répète tous les jours aux pa trons ! Car tous les jours, ce cas se repro duit 1 Avis à vous, mesdames 1 — JEAN DRAULT-...

À propos

Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».

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