Extrait du journal

conscriptions. Plus nous votons de séances du matin, plus nos électeurs s'imaginent qu’on tra vaille. Au fond, n’est-il pas vrai qu’on abat plus de besogne dans les séances où il n’y a personne? u Les séances répétées du matin et du soir ont cet avantage de nous donner le prétexte de ne plus assister ni aux unes, ni aux autres. On n’as siste pas à celle du matin parce qu’on a failli as sister £t celle du soir. « On ne vient pas à celle du soir parce qu’on a failli assister à celle du matin. On a tou jours cette consolation que le voisin de banquette est allé à la séance et qu’il a travaillé pour vous. « Quant à l’électeur, que voulez-vous que ça lui fasse en définitive ? Il voit dans son journal qu’on vote à profusion des articles du budget ou des projets de loi. Quel que soit le nombre des dé putés en séance il y a toujours 500 ou 550 votants et l’électeur est satisfait. « Est-ce que tout le monde ne vit pas plus ou motos d’illusions ? » Et le « quinze mille » souriait en disant cela ! D’autre part, un député de l’opposition libérale s’est exprimé ainsi : — La majorité n'a pas à se gêner. Elle fait comme son maître Clemenceau. Vous vous rap pelez cette mémorable séance du matin, il y a un an, où l’on discutait la seconde loi religieuse de M Briand. Les bancs du Centre et de la Gau che étaient vides. La Droite déposa une deman de de scrutin public à la tribune sur un article. Nous avions la majorité. Le projet de M. Briand était par terre. « Le ministre sauta au téléphone et demanda î£ tous les ministères d’envoyer sans retard et par tous les movens les députés qui faisaient antichambre. Pendant ce temps, un complice faisait de l’obstruction à la tribune. En moins d’un quart d’heure, 250 Blocards arrivèrent et. déplaçant la majorité sans avoir entendu un mot de la discussion, firent adopter l’article. « Les séances du matin, voyez-vous, consti tuent un double scandale : elles abusent le pays et elles permettent au gouvernement par l’étran glement de toute discussion de faire voter tout ce qui lui plaît. » Quel serait le moyen de faire sortir nos singuliers députés de leur honteuse apa thie ? Ce serait évidemment de les payer par des jetons de présence. Des projets ont été déposés en ce sens, mais on peut être certain qu’ils ne sortiront jamais des oubliettes parlementaires. Et dire qu'au moment de l’augmentation du traitement parlementaire, certains naïfs croyaient que les députés seraient plus as sidus. Il n’y a qu’un seul jour où on soit sûr de rencontrer les députés nu Palais-Bourbon : c’est celui où ils passent à la caisse ! J. Saint-Léon. — — LE Cardinal Mathieu atouts extrémité...