Extrait du journal
La petite commune de Lambruisse, dans les Basses-Alpes, était avant-hier en grande joie, car elle célébrait sa fête locale. Les chevaux de bois tournaient au son des orgues ; les loteries grinçaient, les pitres bonimentaient, prenant évidemment leurs tré teaux pour la tribune dite nationale, et un cirque, dans un coin de la petite place, exhi bait des singes et des chiens savants. Mais au moment où la musique municipale commençait à jouer, une panique se fit dans la foule. Des jeunes filles, des femmes, des enfants se mirent à fuir avec des cris d'effroi : — Un lion ! criaient-elles. — Un tigre ! répétaient les autres. Les gas prenaient déjà des fourches, d’autres allaient chercher leurs fusils. ils se trouvèrent bientôt en présence de l'animal qui causait tant d’effroi. — Bah !... Ce n’est qu’un orang-outang qui s’est échappé de la ménagerie !... s’écrièrentils. Et comme la bête s’avançait vers eux en gri maçant, ils la menacèrent de leurs fourches, tandis que les femmes, revenues de leur frayeur, lançaient sur elle des épluchures de toute nature et que les gamins l’accablaient de cailloux. O stupeur ! L'orang-outang, pour toute réponse, pré senta à ces furieux... une médaille de député. L’orang-outang était le Juif Joseph Reinach en personne, qui venait rendre compte de son mandat. Il faut ajouter, pour être juste, que l’exhibi tion de cette médaille ne fit que décupler la fureur de la foule, et Yousouf dut détaler de vant les fourches de ces braves gens. Quand on a une tête comme celle de Reinach, on la laisse chez soi avant d’aller en réunion électorale, aussi. Il est vrai que l’infortuné est doué, par sur croît, d’un oncle qui, quoique réduit à l’état de cadavre, n’est pas moins gênant pour lui que son extraordinaire physique. Dans tous les cas, un homme qui rayonne, à l’heure qu'il est, c’est Thompson, car il n’est plus désormais le seul député qui soit accueilli par des pommes cuites, dès qu’il essaye de mettre le pied dans sa circonscription.— Jean Brault....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
En savoir plus Données de classification - vernier
- boisandré
- fournier
- zola
- alphand
- de sévigné
- félix faure
- paul fournier
- deibler
- huchard
- paris
- la seine
- france
- herblay
- mirabeau
- montmartre
- rome
- europe
- hongrie
- vatican
- office de publicité
- la main à la pâte
- parti républicain
- la république
- armée française
- ré publique
- compagnie du chemin
- h. b.
- sénat