Extrait du journal

la flamme de cristal d’une ampoule élec. trique. Deux ampoules ont été brisées, et le saboteur n’est pas celui qu’on pense. Dans une courette intérieure où s’étiolent de pâles verdures, une autre Vierge (de plâtre celle-ci) porte un bel Enfant Jésus, que l’on a amputé de tous ses membres. La cassure de ses bras est encore fraîche et, sur ses cheveux frisés —est-ce par déri sion ? — on a posé une païenne couronne de lierre. La chapelle est vide et l’autel, nu, sans croix, sans tabernacle, semble un grand sarcophage abandonné. Personne ne s’en approche. Il semble qu’une vague crainte en écarte les soldats. Ils sont assis plus loin, sur les stalles de la nef, là même où s'accouda votre pieuse rêverie, ô jeunes lévites, et mieux vaut ne pas insister sur les propos qu'ils y tiennent. Dehors, dans l’étroit jardin, sous l’allée de vieux arbres que l'automne a rouillés, c’est le même spectacle de désolation. Et devant la sombre façade que percent les innombrables et monotones petites fenêtres cintrées, on songe à quelque immense ru che abandonnée... A tout prendre, fût-ce autre chose ? Et Saint-Sulpice n’a -t-il pas été deux siècles et demi la ruche spirituelle d’où sortirent les plus beaux essaims du clergé de France ? Et cela méritait peut-être, en attendant ■l'installation d'un Musée — avec Buffet 1 — quelques efforts de respect.....