Extrait du journal
Hier, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, s'est tenue la séance inaugurale de la Ligue française d'éducation morale. Qu’est-ce encore ? Par f intermédiaire d'un ami — dont j’ai merais à connaître mieux la personnalité, — j'avais eu communication, il y a quel ques jours, d'un appel de cette Ligue. J'ai lu attentivement ce document, et j’ai vu qu’on visait à former des caractères et des consciences, et qu’on faisait appel, dans cc but, aux hommes de bonne volonté « à quelque opinion qu'ils appartiennent », aucun d'eux ne devant rien abandonner de ses convictions. L'appel prétend que, quelles que soient les doctrines philosophiques ou religieuses, il est possible de s'entendre sur oe qu'est un honnête homme. Audacieuses prémisses, en un temps où la légalité et Le droit sont si fréquemment en opposition violente, et où la morale offi cielle tient toute dans le respect de la lé galité. Mais voici qui va mieux nous éclairer : « II est temps, en effet, que l’opinion pu blique, disons mieux, que 1a conscience publique intervienne avec autorité et rap pelle à ce pays que, par-dessus les querel les politiques et les controverses religieuses, il y a un intérêt supérieur à défendre, un devoir primordial à remplir : transmet tre aux jeunes générations la règle de vie lentement élabore* par l’expérience des siè cles et entretenir la foi dans un idéal mo ral toujours plus élevé. » Nous voici édifiés, car les catholiques n’ont que faire d’une nouvelle règle de vie, ni d’un idéal moral toujours plus élevé. Le fait qu’on se place « au-dessus des controverses religieuses » eût suffi à notre édification : il s’agit de créer une morale laïque, question qui est depuis plusieurs mois à l’ordre du jour de toutes les Loges. Et nous voici obligé de nous rappeler que sous les formes les plus diverses et les phraséologies les plus captieuses, la FrancMaçonnerie, trop démasquée, s’efforce, de puis quelque temps, de créer des filiales affectant les plus innocentes apparences pour capter les suffrages. Aussi ai-je été surpris de trouver, dans la première liste d’adhérents, brochant sur un parterre de fleurs du ghetto et de la Loge, les noms estimables et estimés de catholiques fourvoyés. Je suis certain qu'ils s'apercevront avant longtemps que leur bonne foi a été sur prise. Albert Monniot....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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