Extrait du journal

Se regarder en chiens de faïence entre | grandes puissances, sans oser s’attaquer, et ne pas oser davantage — dans la crainte de provoquer une conflagration générale — intervenir en faveur des pe tits qu’011 assassine, tels que la Grèce et l’Espagne. On comprend après cola que l’idée du désarmement général, de la paix univer selle ait hanté les cerveaux des poètes, des philosophes, des rêveurs. Nous avons pu les plaisanter doucement parfois, quand ils se réunissaient en ces congrès un peu naïfs où la Guerre était chargée de malédictions et d'anathèmes ; mais, dans le fond de nos cœurs, nous n’e» pensions pas moins qu’ils avaient raison et qu’ils étaient les sages. Maisaujourd’hui, voici (|ue pour de bon nos cœurs battent, que le cœur du monde entier va battre de joie et d'espérance en apprenant que le Tsar blanc, que le tout-puissant chef d’un peuple de 120 millions d’hommes, pense comme les philosophes, comme les rêveurs et comme les poètes, et qu’il trouve que l’espèce humaine a assez saigné et assez souffert. Le lourd glaive de l’Empereur do toutes les Russie» jeté dans la balance (le la paix, 11e trouvez-vous pas que ce soit un beau geste ? Ce jeune souverain, qui pourrait rêver de lauriers, ayant tout ce qu’il faut pour en moissonner, n'est donc pas l’au tocrate impitoyable, l'empereur du knout, 10 buveur de sang que nous peignent tant de saltimbanques intéressés à exploi ter à la foire politique la légende de l'Ogre impérial ? 11 est au contraire doux et bon, son cœur est ému de pitié pour le.s maux dont nous souffrons depuis tant d’années et dont nous allons mourir. Son acte en faveur du désarmement est digne do lui, digne de sa puissance, digne du grand Empereur dont il estl'hé ritier. Rien que pour avoir osé cet essai, 11 mérite d’élro appelé Nicolas-lc-Grand, et.—récompense qui vaut mieux encore— dés demain, quand elles apprendront ce qu’il veut faire, dos millions de mères acclameront et béniront son nom! A. de Boisandr*....