Extrait du journal
Après la honteuse séance du 22 janvier, la Chambre avait jugé bon de discuter pen dant une semaine des questions dont la po litique était bannie. Eu revanche, la jour née d’hier, consacrée aux interpellations, a été plutôt fertile en incidents retentissants. C’est la magistrature, la magistrature toute seule, qui a fait les frais de celte séance, et s’il eût été encore possible à celte fille de mauvaise vie de s'avilir un peu plus, si cette besogne n'était complètement faite depuis longtemps déjà, on pourrait dire que la journée d’hier a été déshonorante pour elle. On trouvera plue loin les détails de cette séance, qu’à la fin, dans un discours su perbe, notre ami Gauthier de Clagny vint résumer avec autant de précision que d’é loquence. Je ne veux donc point retenir ni l’incident des Sables-d’Olonne, ni celui de Troyes. Là, c’est un juge qui jette sa toque à la tète du président. Ici, c'est un procureur de la République pris en flagrant de mensonge. Mais passons pour arriver à l’incident de Chambéry. Nos lecteurs n’ont sûrement pas oublié le jugement qu’à l’occasion du scandale d’Aix, rendait, il y a quelques semaines, le tribunal de Chambéry. Ils se souviennent que, dans ce jugement, le droit au chèque était formellement reconnu pour tous les parlementaires, lui termes précis, il était dit dans ce jugement qu'un député inter venant en faveur d’un individu poursuivi avait le droit do se faire payer sa démarche. Jamais une telle insulte n'avait été faite à la représentation nationale, ou plutôt ja mais la majorité du Parlement n’avait été si justement appréciée. D’ailleurs, le garde des sceaux avoua (ont, de même que M. Chambon, député de la majorité, ne craignit pas de dire qu’il était intervenu dans cette affaire dite du scandale d’Aix. En deux mots je rappelle les faits. Un croupier du casino de cette ville était ac cusé d’avoir volé. Pendant que l'instruction était ouverte, le dossier de celte affaire fut demandé par le garde des sceaux, et c’est dans le cabinet de M. Val lé que M. Chanibon, députe de la majorité et avocat du prévenu, vint consulter ledit dossier. Quelques jours après cette visite de l’avocat-député au ministre de la justice, ce dernier envoyait au juge d’instruction l’or dre de rendre une ordonnance de non-lieu. Voilà les faits reconnus par Va lié avec quelque réticence, reconnus sans aucune réticence par M. Chambon. J’avoue que ce dernier a trouvé même chez certains de ses amis un accueil plutôt froid. On sentait que le pauvre diable se noyait, et, quand les murmures significatifs saluèrent la fin de ses explications, on comprit que c’en était fini de ce jeune Illocard. C’est un homme à la mer, n’en parlons plus. Bien entendu, le débat n'a pas eu de...
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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