Extrait du journal
par Paris et par Versailles, et cet afilux de l’étranger se mêlant à l’ap port de nos artistes nationaux formait un ensemble harmonieux qui était de 11’Art français incomparable. Pourquoi n’en est-il plus ainsi ? Est-ce parce qu’il y avait alors une Surintendance des Beaux-Arts, tandis que nous n’avons plus aujourd’hui qu’une Direction des Beaux-Arts ? L’Art français retrouverait-il sa su prématie incontestée par le fait même que la Direction actuelle serait érigée en Surintendance générale ? A la vérité, je n’en crois rien. La décadence relative, mais évidente, de l’ Art français tient à des causes autre ment complexes et profondes. L’Art est une synthèse de l’intelli gence, de l’activité, de l’énergie na tionale au même titre que le commerce et l’industrie, bien qu’il se manifeste sous des formes très différentes. II. est donc naturel et logique qu’il su bisse, lui aussi, les fluctuations de la grandeur et de la puissance de la nation. Si l’Art français est en baisse ac tuellement, cela veut dire que nous baissons sur toute la ligne, et rien autre chose. Au dix-huitième siècle, il n’en était pas ainsi, parce que la France, malgré les revers du règne de Louis XV, traversés d’ailleurs de victoires éclatantes comme Fontenoy, bénéficiait encore du prestige éblouis sant du grand règne... Il n’est que juste, d’ailleurs, de re connaître que les surintendants des Beaux-Arts furent presque toujours des hommes fort remarquables. Le duc d’Anlin, que l’on nous re présente comme le prototype du cour tisan servile, fut un excellent surin tendant. 11 formula, avec une ortho graphe fantastique, des observations très justes et très fines. Un admirable surintendant encore fut le marquis de Marigny, le frère de la Pompadour. Cet homme, arrivé d’une façon si honteuse à ce poste éminent, s’y montra ennemi de toute intrigue, de toute brigue, de tout passe-droit. Ces grands seigneurs ou ces parve nus de l’ancien régime pouvaient avoir leurs tares et leurs vices ; ils avaient au moins celte qualité essentielle d’être des artistes nés, parce qu’ils vivaient au sein d’une société qui était ellemême artiste jusqu’au bout des ongles. La conception qu’ils avaient de l’Art était à la fois très haute et très juste. Ils pensaient que la littérature et les arts d’un pays sont des richesses in tellectuelles qui, en outre de leur va leur intrinsèque, servent en quelque sorte de véhicule aux richesses maté rielles. Jamais l’idée ne leur serait venue de transformer le ministère des Beaux-Arts en un vaste magasin de bric-à-brac où les Juifs seraient comme chez eux et vaqueraient à des trafics plus ou moins louches... Si l’on veut réellement faire quel que chose pour l’Art français, il faut essayer de revenir à ces traditions. Il faudrait confier la délicate mis sion — non de diriger, car l’Art n’est pas un cheval à qui l’on puisse met tre le mors et la bride — mais de pro téger et de guider intelligemment les artistes, à des hommes qui seraient des amis fervents et éclairés de l’Art, et non à des bureaucrates ahuris et pédants qui ne se dévissent de leurs ronds de cuir que pour se plier en deux devant le premier Youpin qui passe. Une telle réforme n’est pas aussi difficile ni aussi compliquée qu’elle le paraît. J’ai la ferme conviction qu’elle pourrait s’accomplir sans révolution et même sans secousses. Il n’y aurait pas môme besoin de changer le titre de directeur dès Beaux-Arts....
À propos
Fondée par le polémiste Édouard Drumont en 1892, La Libre Parole était un journal politique avançant des prétentions « socialistes », quoique son anticapitalisme populiste marqué se nourrissait essentiellement de liens présumés entre le capital et la communauté juive. Le journal répandait un antisémitisme virulent à travers de brutales diatribes et des unes sensationnalistes dénonçant quotidiennement des « conspirations ».
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