Extrait du journal

Paris est le royaume de la mode, c’est en tendu, et le paradis des élégantes. Mais, à côté de ce paradis, n’y a-t-il point un enfer, ou tout au moins, un purgatoire de la mode ? j Les charmantes jeunes femmes dont la grâce est rehaussée par des parures d’un j goût exquis, se demandent-elles, parfois, ce j que leur luxe représente de travail, de’ lente et pénible formation, de souffrance et j de misère peut-être Lorsque le soir, très tard — trop tard ! — la petite modiste parisienne regagne son j pauvre logis, elle aperçoit, au reflet des lumières, l’œuvre de ses journées et d’une j partie de ses nuits ; elle ne l’aperçoit pas I seulement dans les automobiles rapides qui j emportent les heureuses de ce monde vers les fêtes mondaines, mais aussi plus près j d’elle, ornant la jeunesse de plusieurs qui j furent ses compagnes, ses camarades date- | lier peut-être. Ces pauvres filles dont la mode affine le j goût et désoriente l’imagination, qui, rensarquez-le, doivent aimer le luxe pour être ha- ' biles ouvrières, sont nécessairement plus faibles contre lui. Elles entendent tout, voient tout, frôlent le mal d’en-bas, devi nent celui d’en-haut. Et les yeux pleins de ces mirages par nécessité professionnelle, elles sont soudain ressaisies par l’étroitesse