Extrait du journal

■I I N pénible procès se déroule ces jours-ci à Melun. Il |IJ s’agit de « l’affaire des J 3 », où sont inculpés deux jeunes gens accusés d’avoir assassiné un camarade de classe. Une scandaleuse publicité en fait l’événement du jour. « Assez de littérature », titre en première page un quotidien parisien, qui lui consacre à l’intérieur toute une grande page, avec des photos achetées 6 000 francs la pièce. On ne peut pas se moquer plus effrontément des lecteurs. C’est là une exploitation malsaine de la bête qui dort en chacun de nous. On en revient au temps des jeux du cirque et dès gladiateurs. Il nous plaît de relever la protestation suivante de la Fédération des parents d’élèves des écoles publiques : « Cette insistance et ces commentaires sordides sont une des conséquences extrêmes de pseudo-philosophies qui ne peuvent qu’agir de façon néfaste sur une jeunesse française qui veut croire à une vie saine et forte. » Soyons propres. Nous ne le resterons pas si nous lisons les feuilles où on étale la pauvre pourriture humaine. Ayons pitié de l’homme. On lutte contre l’exploitation du travail. N’est-ce pas pire d’exploiter les tares de l’homme, ses faiblesses, ses crimes, sa honte, son désarroi de bête traquée ? Un monde féroce se complaît dans cette déchéance. Est-ce dans le but d’y porter remède ? Non, son seul souci est d’en faire de l’argent. # Quelle différence avec le regard du Christ qui jette lui aussi les yeux sur ces pauvres garçons, mais en silence. II ne dit pas un mot de leurs fautes, qu’il connaît mieux que leurs juges et que tous les reporters attitrés des tribunaux. Il offre simplement son pardon, comme jadis aux larrons, à la pécheresse, aux publicains, en faisant appel à un reste de dignité pour que ces jeunes se relèvent. Nous nous disons chrétiens. A nous donc de choisir l’atti tude qui convient. Ce ne peut être aucunement celle de ceux qui tirent profit en tapant sur le dos des J 3. G. RAVOIN....