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24 mars 1936


Extrait du journal

... Ah! nous sommes bien d'une génération sacrifiée, me disait cet homme de 30 ans. Une enfance assombrie par la guerre; une ado lescence dupée par le feu d’artifice de l’après-guerre; une jeunesse abat tue par la crise et maintenant pro mise aux prochaines hécatombes. ... Si la guerre éclate, m’écrit un autre, je ferai mon devoir; mais j’ai 19 ans, l’âge où l’on commence à aimer, « la petite fleur bleue épa nouie entre les dents ». Oui, c’est bien vrai, fa voix loin taine et sourde du sacrifice s’est fait entendre à notre génération. Notre jeunesse était dans la bienheureuse incertitude de la fleur; nous n’avions pas encore fait notre choix pour le fruit de demain... Et ce choix e?t fait pour nous. Nous pensions vivre, il faudra combattre... Nous pensions à une bonne vie, il faut nous pré parer à l’héroïsme... Peu importe que les suprêmes sacrifices soient probables ou non; l’alerte est donnée, et la lumière qui s’est faite soudain est projetée sur notre vie ; dans cet ébranlement, une seule cause est restée debout comme digne de notre sacrifice, une seule restera debout dans notre vie : la France. Aücuneproclamation, aucune mys tique de groupe, de parti, de classe, de tendance, ne peut plus nous séduire et ne doit nous diviser. Quelle lumière au moment où tant de jeunes sont dans le noir, dans le doute et cherchent la lumière! Nos aînés de 1914 avaient pareillement retrouvé cette lumière. Hélas! depuis 1919, nous l’avions perdue... Puis sions-nous ne pas la perdre! La France! Nous ne pouvons mieux la défendre qu’en la refai sant. L’audace des briseurs de traité vient d’un seul point, et ils ne le cachent pas : ils nous savent affai blis par le manque de foi, par le sectarisme, par l’infinie diversité des opinions, par la terrible dénatalité, par ces nuées de faux prophètes qui mettent leur marotte au-dessus de tout... Refaisons la France chré tienne, morale, juste, familiale, et nous briserons cette audace bien plus sûrement qu’avec des canons. Un ami m’a demandé : « Je suis dirigeant d’une œuvre, mais, à cause de mes opinions politiques, je ne m'entends pas avec le directeur. Que dois-je faire? » Je ne pouvais que lui dire : gardez votre opinion, mais restez à votre poste : l'œuvre avant tout! la France avant tout! JUNIOR....
À la page (1930-1951)

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