Extrait du journal
Parmi .les constatations qui ont le plus surpris — et aussi choqué parfois le public et les médecins eux-mêmes, c’est la façon, en apparence incohérente, avec la quelle on a utilisé le personnel médical pour les soins à donner aux blessés. Dans les grandes villes comme Bor deaux, et de manière générale dans toutes celles constituant une résidence de corps d’armée, on a été frappé, au début surtout de la campagne, du nombre considérable de majors qui arpentaient les rues. D’au cuns se trouvaient plutôt en excès; mais en songeant qu’ils allaient mettre leur science et leur dévouement au service de tant de victimes, en observant d’ailleurs que leur quantité s’éclaircissait peu à peu sur le pavé de nos places et de nos cours, au fur et à mesure qu’ils étaient mobilisés vers le front, les critiques se calmèrent. Mais quand, au bout de quelques semai nes, il fut de connaissance publique qu’il y avait, dans certains corps d'armée, jus qu'à cent médecins, et parfois plus, qui passaient leur temps à se porter avec leurs ambulances de village en village, sans fai re autre chose que de changer périodique ment de cantonnement, les protestations recommencèrent à se manifester. Les populations, surtout dans nos cam pagnes, se demandaient, dans leur bon sens plein de raison, pourquoi on les privait de leurs médecins, puisqu’on ne les utilisait pas. N’aurait-il pas été plus judicieux, pen saient-elles, de nous les laisser au moins pendant qu’ils ne font rien ? La vie de ceux qui restent, femmes, enfants ou vieil lards, fillettes et garçons, ne mérite-t-elle pas, elle aussi, qu’on la ménage ,et qu’on la soigne si elle vient à être ébranlée par la maladie ? Ces critiques ne tiennent pas compte d’un facteur oui joue à la guerre un rôle capital : la prévoyance. ,Oiv prévoir con siste, en grande partie,'k s’assurer des ré serves. Et ces réserves s’appliquent aussi bien aux éléments combattants eux-mêmes qu’aux munitions, à l'approvisionnement et au service de santé. • Ceux qui ont pu traverser les diverses régions de l’arrière sont stupéfaits du nom bre imposant de ressources en hommes qu’ils rencontrent sur leur passage. Pour quoi ne ics utilise-t-on pas tout de suite, sont-ils tentés de se demander toujours ? Parce que leur mission est d’attendre le moment opportun, que seul le commande ment supérieur leur indiquera. Il y a sûre ment des troupes qui n’ont pas encore combattu, de même qu’il existe des sec tions de parc portant du matériel (cartou ches ou ot>us) ou des vivres de réserve...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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