Extrait du journal

CAUSERIE Les journaux ont raconté en détail l'autre {our la triple évasion de la prison d’Haze>rouck. Cette évasion, accomplie avec une dépense extraordinaire d’a-ttuce et d’audace, m'a plongé dans une stupéfaction admirativc dont je ne puis m’affranchir chaque fois que je lis ou qu’on me rapporte verbale ment des exploits de ce genre. J’ai beau faire, je ne puis pas comprendre qv’on s’évade quand on e*t prisonnier. Entendons-nous bien, j’aime la liberté pour le moins autant que l’abbé F aria luimême, cet illustre professeur d’évasion de Monte-Cristo, et si j étais plongé dans quel que cachot, j’en serais fort affecté ; mais cela n’empêche pas que j’y finirais mon existen ce, vaille que vaille, si l’on ne me libérait avant ma mort, car pour m’en tirer moimême malgré les verrous et les gardiens, je m’en déclare absolument incapable. Je n’oserais ni ne saurais. Je n’oserais pas, précisément parce que j’ai conscience de mon incapacité à cet égard. Sûr d’être pincé< et par conséquent ridicule, je m’abstiendrais de toute tentative. Une seule fois, dans ma jeunesse, j’ai joué le rôle de captif, et je le jouerais encore si l’on n’était venu me délivrer. Enfermé dans un cabinet que le souci des convenances m’empêche de désigner plus clairement, je voulus sortir après le séjour nécessaire, et je m’épuisai pendant plus d’une heure en vains efforts pour ouvrir la porte. Cette...