Extrait du journal

COURRIER DU JOUR 10 décembre. Le premier acte du grand drame électoral a commencé, et le premier nom sorti de l’urne, celui de M. d’Audiffret-Pasquier, personnifie la haine et le mépris du bonapartisme. Nous en acceptons l’augure. Le deuxième nom, celui de l’honorable M. Martel, était exclusivement porté sur la liste des gauches. M. Martel, dé puté de l’opposition sous l’empire, membre du centre gauche depuis la formation de ce grou pe parlementaire, appartient à cette élite des anciens conservateurs-libéraux qui sont venus à la République avec M. Thiers, et qui, depuis le 24 mai, sont demeurés invariablement fidè les à la cause qu’ils avaient embrassée par rai son et par patriotisme. Si l’élection de M. d’Audiffret-Pasquier est une satisfaction éclatante donnée au légitime sentiment de réprobation qui poursuit dans tous les cœurs patriotes la dynastie maudite du 2 Décembre et de Sedan, l’élection de M. Martel n’est pas moins signifi cative, puisqu’elle est un triomphe pour les défenseurs de la Constitution républicaine. La manière dont les voix se sont divisées entre les candidats qui n’ont pas obtenu la majorité ab solue n’est pas faite pour diminuer la légitime satisfaction que l’opinion publique va ressentir à la nouvelle de ce premier résultat. *"*# Nous ne croyons pas, en effet, nous tromper en affirmant que le scrutin d’hier a déjoué le plan audacieux et immoral conçu par les droi tes de faire de la portion inamovible du Sénat...