Extrait du journal

Vichy, 10 juillet. — Sons s'a bandonner à l’emphase il doit être permis de le dire : la page qui vient d'être écrite ici, en ce jour, dans le cadre imprévu d'un Casino, devra être l'une des plus lourdes de sens et de conséquen ces de notre histoire. Le fait est là : les sénateurs et les députés français, réunis par un vote commun, ont décidé par 569 voix contre 80 voix qu'une autre Constitution sera donnée au pays. Cet acte historique, auquel avaient préludé les débats séparés du Sénat et de la Chambre, qui avaient eu lieu la veille, avait été précédé, dans la matinée de mercredi, d'une réunion privée groupant les membres des deux Assemblées. Le vice président du conseil, M. Pierre Laval, qui avait mandat de représenter le maréchal Pé tain, président du conseil, avait exposé une dernière fois les mo tifs de l'initiative du gouverne ment et les buts qu'il se proposait d'atteindre; il avait répondu sans ambages aux questions et aux cri tiques qui lui avaient été adres sées. Et comme il avait en outre proposé que la future Constitu tion fût soumise à l'approbation du pays, ce qui avait rasséréné maints esprits et réduit certaines résistances, quand l'Assemblée nationale siégea, au début de l'après-midi, elle^ n'avait à tenir, en quelque manière, qu'une séan ce d'enregistrement. Sans distinction d'Assemblée hl de nuances, au gré des amitiés, de la camaraderie ou simplement du hasard, sénateurs et députés mêlés, garnissaient presque tous les fauteuils de l'orchestre, dont le premier rang était occupé par le gouvernement....