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La Petite Gironde, 12 juillet 1940

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La Petite Gironde
12 juillet 1940


Extrait du journal

Bordeaux, 11 juillet. — Parlant par radio, jeudi soir, le maréchal °étain s'est adressé aux Français e.. ces termes : FRANÇAIS, L'Assemblée nationale m'a investi de pouvoirs étendus. l'ai à vous dire comment je les exercerai. Le gouvernement doit faire face à une des situations les plus difficiles que la France ait connues. Il lui faut rétablir les communi cations du pays, rendre chacun à son foyer, à son travail, assurer le ravitaillement. Il lui faut négocier et conclure la paix. En ces derniers jours, une épreuve nouvelle a été infligée à la France. L'Angleterre, rompant une longue alliance, a attaqué à l'improviste et a détruit les navires français immobilisés dans nos corts et partiellement désarmés. # Rien n'avait laissé prévoir une telle agression. Rien ne la justifie. Le gouvernement anglais at»il cru que nous accepterions de livrer ât l'Allemagne et à l'Italie notre flotte de guerre ? S'il l'a cru, il s est trompé, et il s'est trompé aussi quand il a pensé que, cédant à la menace, nous manquerions aux engagements pris à l'égard de nos adversaires. • Ordre a été donné à la Marine française de se défendre. Et, malgré l'inégalité du combat, elle l'a exécuté avec résolution et vaillance. La France, vaincue dans des combats héroïques, abandonnée lier, attaquée aujourd'hui par l'Angleterre à qui elle avait consenti de si nombreux et si durs sacrifices, demeure seule en face de son destin. Elle y trouvera une raison nouvelle de tremper son courage an conservant toute sa foi dans son avenir. Pour accomplir la tâche immense qui nous incombe, j'ai besoin de votre confiance. Vos représentants me l'ont donnée en votre nom. Ils ont voulu comme vous et comme moi-même que la puissance de l'Etat cesse de paralyser la nation. J'ai constitué aussitôt un nouveau gouvernement. Douze ministres ie répartiront l'administration du pays. Ils seront assistés par des secrétaires généraux oui dirigeront les principaux services de l'Etat, des gouverneurs places à la tête des grandes provinces françaises. Ainsi l'administration sera à la fois concentrée et décentralisée. Les fonctionnaires ne seront plus entravés dans leur action par les règlements trop étroits et par des contrôles trop nombreux. Ils seront plus libres; ils agiront donc plus vite, mais ils seront responsa bles de leurs fautes. Afin de régler plus aisément certaines questions, dont la réalisa tion présente un caractère de grande urgence, le gouvernement se propose de siéger en territoire occupé. Nous avons demandé à cet affet au gouvernement allemand d libérer Vefsailles et le quartier des ministères à Paris. Notre programme est de rendre à la France les forces qu’elle a berdues; elle ne les retrouvera que suivant les règles simples qui ont, de tout temps, assuré la vie, la santé, la prospérité des nations. Nous ferons une France organisée où la discipline des subordon nés réponde à l'autorité des chefs, dans la justice pour tous. Dans tous tes ordres, nous nous attacherons à créer des élites et à leur conférer le commandement sans autre considération que celle de leurs capa cités et de leurs mérites. Le travail des Français est la ressource suprême de la patrie. Il doit être sacré. Le capitalisme international et le socialisme interna tional, gui l'ont exploité et dégradé, font également partie de l'avcmtquerre. Ils ont été d'autant plus funestes que, s'opposant l'un à l'autre an apparence, ils se ménageaient l'un l'autre en secret. Nous ne souf frirons plus leur ténébreuse alliance. Nous supprimerons dans un ordre nouveau, fondé sur la justice, es dissensions dans les cités; nous ne les admettrons pas à l'intérieur des usines et des fermes. Pour notre société dévoyée, l'argent, trop souvent serviteur et nstrument du mensonge, était un moyen de domination. Nous ne énonçons ni au moteur puissant qu'est le profit, ni aux réserves que l’épargne accumule, mais la faveur ne distribuera plus de prébendes, ie gain restera la récompense du labeur et du risque. De ce fait, Var ient ne sera que le salaire de l'effort. Votre travail sera défendu; votre famille aura le respect et la brotection de la nation. La France rajeunie veut que l'enfant remplisse vos coeurs de .'espoir gui vivifie et non plus de la crainte qui dessèche. Elle vous rendra pour son éducation et son avenir la confiance que vous aviez VVYrerdue. Les familles françaises restent les dépositaires aun long passé ■ ^S'honneur; elles ont le devoir de maintenir à travers les générations ■y^es antiques vertus gui font les peuples forts. Les disciplines faml■ diales seront sauvegardées, mais, nous le savons, la jeunesse moderne Pli besoin de vivre avec la jeunesse, de prendre sa force au grand air, dans une fraternité salubre gui la prépara aux combats de la vie. Nous y veillerons. Ces vieilles traditions qu'il faut maintenir, ces jeunes ardeurs gui communieront dans un ciel nouveau forment le fond de notre race. "H ^ Tous les Français fiers de la France, la France fière de chaque français, tel est l'ordre que nous voulons instaurer. Nous y consacrerons nos forces. Consacrez y les vôtres. La patrie veut assurer, embellir et justifier nos vies fragiles et :hétives. Donnons nous à la France. Elle a toujours porté son peuple à la frondeur....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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