Extrait du journal

La pratique de la. greffe animale, qui pré céda la greffe humaine, nous a fourni le cé lèbre rat à trompe, ainsi pourvu par un zouave facétieux qui avait greffé sur le nez de ces rongeurs leur propre appendice cau dal. Jusqu’ici, les expériences sur l'homme avaient été plus timides : tout au plus avaiton emprunté de la peau au front et de la chair aux joues des gens pour remplacer leur nez disparu ; mais on n’allait guère plus loin dons cette voie, et si vous aviez besoin de quelques grammes de chair ou de quelques centimètres do peau pour parer à vos insuffisances, las chirurgiens étaient obligés de les emprunter pour vous à un homme de bonne volonté. Ce n’était pas tou jours facile, car la plupart des gens, en cette matière, estiment qu’ils ont tout juste leur compte et ne se soucient pas de prendre sur leur nécessaire pour gratifier autrui. De plus, les gens délicats éprouvaient un cer tain dégoût. & remplacer, par exemple, le bout de leur nez par un lambeau de chair tiré de l’envers d’un inconnu, qui, peut-être, l’avait traîné partout ! Enfin, cela pouvait aller encore lorsqu’il s’agissait d'un nez, d’une lèvre, d’une joue, parties du corps humain plus spécialement décoratives, mais peu actives, où 1a peau et la chair suffisent, sans qu’il soit question de muscles et d’os. Mais s'il vous manquait un doigt de la main, qui donc voua aurait fourni de quoi le remplacer ? Les « phéno mènes vivants » appartenant à l'espèce hu maine, rivaux d.u mouton à cinq pattes et possédant plus que leur compte de mains et de doigts, sont excessivement, rares, et la plupart du temps ces privilégiés de la 11a-...