Extrait du journal

Certes, le rouir de Renée ne vibrait pas. i.e baron n’était-il pas, la veille encore, presque un inconnu pour elle ? Cependant elle fit un geste d’irrésolution. — Je suis sûr de votre consentement, re prit il, parce que vous comprendrez à quel point mon amour est profond et dé sintéressé. Vous ne voudrez pas faire mon malheur et peut-être le vôtre ! Dites oui, et jo vous quitte jusqu’à demain ! J’ai hâte de vous voir libre de tant de soucis. Don nez-moi le droit do vous soutenir, de vous diriger et de vous défendre 1 Le baron regardait Renée avec passion. Elle soupira. — Vous voulez bien ? demanda-t-il d une voix émue. — Oh 1 fit-elle vivement, pas encore... mais... — Mais quoi ? — Donnez-moi un peu de temps. Laissez-moi réfléchir 1 — Ce sera long ? Elle eut un sourire mélancolique et dit : — Non, un ou deux jours, est-ce trop? U y n de petites causes (pii engendrent de grands effets. Le sourire qui éclaira deux secondes peut-être l’admirable vi sage de la jeune fille décida du sort du baron. Il y vit un consentement tacite à sa demande. Il lui tendit une main et elle y mit la sienne d’un geste plein de grâce. — a bientôt donc, dit-il avec un soupir d’amoureux pour qui lu séparation est cruelle. Et il s’éloigna, non sans se retourner à diverses reprises, en lui envoyant un sa lut du bout des doigts. La nuit tombait. Les becs de gaz s’al lumèrent en file les uns après les autres. Renée vit à quelques pas de là le ïaron arrêter un fiacre, y monter et disparaître dans la direction de la rue de Solférino. Elle demeura agitée, pensive, sa lettre A la main. Maintenant, à force de la...