Extrait du journal

La aussi, la production industrielle a été trop in tense, trop rapide, trop peu prévoyante ; là aussi, les mauvaises récoltes ont épuisé une partie de 1 épargne nationale. Dès le mois de décembre 1881, une Revue importante évaluait à 3*i0,000 le nombre dos travailleurs inoccupés, sans y comprendre les ouvriers agricoles et les employés. Or, la situation des classes agricoles n'a fait que s’aggraver depuis lors. On a beau nous inonder de blés d’Amérique : le rendement n'en est, paraît-il, fructueux que lors que la culture en froment est pratiquée sur une grande échelle, de telle sorte que le sol agraire passe des mains des paysans dans celles des capita listes, et que le sort des premiers devient de plus en plus précaire. Ainsi frappée dans son industrie et dans son agriculture, l’Amérique a vu les salaires baisser, d'où l’irritation des classes ouvrières et les grèves nombreuses et parfois tragiques dont le té légraphe nous apportait naguère le récit. 11 faut distinguer toutefois entre ces grèves : les unes ont été pacifiques, les autres sanglantes. Ces dernières sont presque exclusivement le fait des ouvriers d’origine irlandaise et allemande, plus facilement accessibles que les Américains aux exci tations sauvages du parti anarchiste. Aussi, avec leur sens pvati [ue habituel, la population et les autorités des Etats-Unis, si profondément démocra tiques et libérales quelles puissent être, ont-elles appliqué un traitement différent à chaque catégorie de grèves. Les désordres ont été réprimés avec une décision et une vigueur sans pareilles, et nous ne connaissons guère de gouvernement monarchique capable de faire respecter plus délibérément la sécurité de la vue et la liberté du «travail. Par contre, les revendications pacifiques des Chevaliers du travail et autres Associations ouvrières, au lieu d'être repoussées sommairement, vont être l'olyet d’un examen approfondi des Chambres et des chefs d'industrie. Le chef de l'Etat lui-même, M. Cleveland, a pris l’initiative d'appeler l’attention sur la création d'un système général d’arbitrage pour le règlement des conflits entre patrons et ouvriers. Ainsi l’Amérique, implacable pour les émeutiers, accueille au contraire avec bienveillance les récla mations produites sous une forme légale. N’est-ce pas d’un bon exemple pour la vieille Europe?...