Extrait du journal

LA QUESTION DES « GARANTIES. » La question du retour des Chambres à Paris n’est pas tout à fait aussi avancée que les réflexions échangées dans la réuniop des gauches sénatoriales nous l’avait fait supposer. Les hésitants du centre gauche veulent bien consentir h revenir à Paris, puisque l’opinion publique le désire, puisque les intérêts de la République l’exi gent, mais il leur faut des garanties. La question entre donc dans une nou velle phase. Sera-ce la dernière ? Nous n’o serions pas l’affirmer. Au fond, les timorés du centre gauche sont parfaitement rassurés sur l’avenir et n’ont pas plus peur de Paris que M. Clémenceau lui-même. Le centre gauche est disposé à suppri mer ce va-et-viént continuel des députés, des sénateurs et des ministres entre Paris et Versailles, va-et-vient qui a fait perdre, depuis 1871, tant d’heures utiles qui, bien employées, représenteraient une somme énorme de travail; le centre gauche per mettra aux Chambres de revenir à Paris, mais à condition qu’on lui donnera des garanties. Contre qui les réclame-t-il et en quoi consistent-elles? Paris, comme toutes les communes de France, possède un Conseil municipal. Cette représentation de la grande cité compte environ quatre-vingts membres, la plupart républicains, ce qui ne surpren dra personne. On retrouve là toutes les nuances de la majorité parlementaire; l’ex trême gauche elle-même y est représentée par M. Henri Maret, rédacteur en chef de la Marseillaise, et quelques autres. En attendant que l’Hôtel-de-Ville soit reconstruit, le Conseil municipal de Paris tient ses séances, au Luxembourgs; mais il l’a gracieusement mis à la disposition du Sénat dès que la question du retour des Chambres a été agitée. Cette courtoisie n’a point désarmé le centre gauche, qui juge la grande assemblée municipale comme pourrait le faire M. Louis Veuillot ou M. Mayol de Lupé, et c’est précisément contre elle qu’il réclame des garanties. Le Conseil municipal de Paris discute et vote un budget supérieur à celui de bien des Etats. Le centre gauche voudrait qu’on diminuât ses attributions en lui enlevant le vote de la préfecture de police. C’est une des soi-disant garanties qu’il demande. Pourquoi cette suspicion contre le Con seil municipal de Paris? S’il possède quelques ultra-radicaux de l’école de la Révolution française, n’a-t-il pas donné des preuves de sagesse et de sens politique?...