Extrait du journal

reilles, semblables à ces mouettes légères, dont elles semblaient défier le vol audacieux. La ville, pavoisée, animée, bruyante, regardait d’un œil effrayé ces frêles embarcations braver les assauts de la mer immense. C’était plaisir que de les voir se conduire si vail lamment et tailler si gaillardement de l’avant dans les vagues moutonneuses. A qui la vue d’un spectacle aussi gracieux n’aurait-il pas donné des velléités de promenade? L'élément perfide semblait y provoquer les cu rieux, tant il faisait preuve de mansuétude et de docilité. Aussi toutes les barques de pêche, grandes ou petites, avaient été mises en réquisition par les étrangers. Leurs voiles tannées faisaient contraste avec la blancheur de celles dont les yachts et les clippers étaient couverts. Cependant, avant de prendre la mer, quelques vieux pécheurs avaient examiné le ciel et fait une grimace significative. . . 11 y avait sans doute de la bourrasque dans l’air. Mais une promenade est si vite faite! Cet argent là est sitôt gagné! Ils avaient pris, le large, ou plutôt iis avaient quitté le port, mais prudemment ils ne s’écartaient pas de la côte. En effet, vers trois heures, avec une rapidité inouïe, le ciel se couvrit de nuages et la brise sc mit à fraîchir. Les barques les plus rapprochées s’empressèrent de regagner le port et y parvinrent en dépit du courant. Au bout d’une heure, la rade était à peu près deserte. La mer grossissait affreusement. On n’apercevait plus dans le lointain que deux petites voiles, qui cinglaient également vers le port dont elles s’étaient imprudemment écartées. La mer mugissait de plus en plus. La brise carabinait atrocement. Toutes les lorgnettes eu disponibilité étaient bra...