PRÉCÉDENT

La Petite Gironde, 14 mai 1895

SUIVANT

URL invalide

La Petite Gironde
14 mai 1895


Extrait du journal

CHRONIQUE Après la Grève. La grève des omnibus terminée, quelqu’un a-t-il eu l’idée de s’enquérir de ce qu’il était advenu des agents de police, gendarmes, agents de la sûreté, employés restés fidèles à la Compagnie et ayant, pendant ces trois journées, encaissé de bons horions aux alen tours des dépôts? Les riches bourgeois dont les femmes n’hésitent pas à semer quelques louis de rubans et de fleurs sur les potagers ridicules et encombrants qui les coiffent ontfuelques gratifi"ïére'ndu l’ordre social, fait respecter la liberté du travail et reçu de gros atouts en échange d’un misérable salaire? Il est vrai que M. le Ministre de l’inté rieur, par l’organe de M. Lépine, préfet de police, a félicité la garde républicaine et la police de leur belle tenue. Il a admiré leur endurance à recevoir les coups sans les rendre, à se tenir sur pied pendant trois jours et trois nuits. Mais je n’ai pas entendu dire qu’à ce, cataplasme moral, il ait cru devoir ajouter quelques subsides. Il est convenu, je le sais, que le désintéressement est le propre de la vertu, et que le brave homme trouve sa récom pense dans les compliments discrets que lui adresse sa conscience. En revanche, dans les milieux et les jour naux démagogiques, on n’a pas cessé de s'oc cuper de ceux qui s’étaient compromis au service de la cause. On a quêté pour les gré vistes condamnés et cherché des places pour ceux que la Compagnie des omnibus a con gédiés. M. Deville, secrétaire général du Syndicat, sera certainement élu conseiller municipal quand il aura fait les six mois de prison que lui ont mérités ses discours, et M. Proust, le président convaincu, trouvera dans l’administration de la ville de Paris un emploi que lui obtiendront les instances des conseillers municipaux révolutionnaires et la grandeur d’âme de M. Poubelle, préfet de la Seine. On remarquera que je ne blâme pas la solli citude des grévistes pour ceux qui ont été à la peine, dans leurs rangs. J’admire fort, au con traire,-cet exemple de solidarité qu’ils donnent aux gens d’ordre. Je voudrais seulement que cet exemple fût suivi par les bons citoyens, par les França.s paisibles qui ne considèrent pas la guerre sociale comme un fructueux passe-temps. On croit être quitte, malheureu sement, envers son prochain, quand on a lu...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • ribot
  • doumer
  • trarieux
  • salis
  • lesparre
  • dubreuil
  • collodion
  • proust
  • hector pessard
  • lépine
  • paris
  • bordeaux
  • landes
  • marseille
  • lee
  • garonne
  • frança
  • afrique
  • syndicat
  • lyon
  • syndicat
  • seine
  • facultés des lettres
  • c. c.
  • caisse d'épargne