Extrait du journal
tous les trois, l’adultère tient une place prépondérante. Décidément, c'est une affaire entendue : il est écrit au livre du Destin que la plupart des romani de ce temps-ci s'inspireront des trahisons conjugales. Ceux qui aiment cette note-là doivent être bien contents. En réalité, les romanciers et les auteurs dramatiques qui recommencent éternelle ment les mômes scabreuses histoires ne se préoccupent que d’émoustiller le public, mais ils prétendent se donner des airs de moralistes signalant des maux pour pro voquer la recherche des remèdes. Ils appellent cela : poser ou soulever des questions de vie sociale. Hélas ! La question, ou plutôt les que»*, lions en question étaient posées depuis longtemps ; on ne les résoudra pas au moyen de pièces de théâtre ou de romans audacieux. La question de l'adultère n'a pas cessé un moment d'être posée. Fille a été posée peu de temps après l'institution du mariage qui remonte à une époque peu récente. La Genèse nous apprend qu'en donnant au premier nomme une douce compagne, Dieu promulgua un decret ainsi conçu : « L’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à son épouse, et ils seront deux en une seule chair. » Dans les commencements, cela marcha assez bien, et pour une raison majeure, les époux étant seuls sur la terre. Il y a bien une certaine histoire de pomme et de serpent dont se sont régalées les méchan tes langues à travers les siècles: mais cela fait bien l'effet d'un potin préhistorique, et il vaut mieux ne pas parler des choses dont on n’est pas sûr. Donc, tout d’abord, le mariage fut tel que Dieu l’avait voulu : les deux époux en une seule chair. Malheureusement, un moment vint où ils furent trois et meme quatre, Dieu, qui a toujours eu beaucoup à faire, avait oublié, au milieu de ses multiples occu pations, doter à la créature humaine la curiosité et le goût du changement. En sorte, que ce n'est pas tout à fait sa faute, à la pauvre créature (il faut le dire tout bas) si elle n'observe pas toujours les prescriptions du décret divin. Des l’instant où Dieu lui même n’a point pensé à tout, il est fort explicable que cer tains côtés du problème qu'ils livrent à nos méditations aient échappé aux roman ciers cl aux auteurs dramatiques. C'est peut-être même pour cela que la plupart du temps ils se bornent à raconter les immorales aventures sans même chercher à en tirer une quelconque moralité... Le moment ne viendra donc jamais où le public assomme, excédé, abruti d'his toires d'adultère ressassées sous toutes les formes, sc dégoûtera et se mettra résolu ment en grève?... Il y a pourtant bien, dans l'humanitc. quelques autres petites choses assez inté ressantes dont on pourrait nous entretenir, ne fut-ce que pour changer un peu et nous permettre de respirer. Albert ROBERT....
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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