Extrait du journal

LES OCTROIS On sait que la Chambre a voté, il y a peu do temps, la réforme des octrois. La loi qui est sortie des délibérations du Parlement a eu pour but de diminuer dans la plus large mesure possible les droits qui pèsent sur les boissons hygié niques, telles que le vin, le cidre, la bière, lo poiré, la piquette et autres pro duits obtenus par la fermentation du raisin et des fruits. L'application de la loi nouvelle com porte, ou le comprend, une période de transition. Ce n’est pas du jour au lendemain que les villes pourront trouver les ressources nécessaires pour combler le déficit que creusera dans leur budget la suppression des droits dont nous parlons. Les grandes villes qui sont riches, qui ont des ressources multiples, se tireront d’affaire sans trop d’embarras. Paris a déjà examiné la question. Pour la capitale, on entrevoit plusieurs solutions acceptables. Il y a d’abord le relèvement dos droits sur l’alcool, puis l’établissement d’une taxe de 20 centimes au principal des quatre contributions, des surtaxes sur les chevaux, les voitures, les Cercles, enfin la création d’une licence sur les débitants de boissons, licence qui serait acceptée sans difficulté parles intéressés, car ils rachèteraient à co prix toutes les vexations, toutes les entraves du régime actuel des contributions directes. Mais si la réforme peut être assez ra pidement réalisée pour Paris elles grands centres, il n’en est pas de mémo pour les petites et moyennes villes, qui ont peu de taxes somptuaires à créer, qui ont une matière imposable très restreinte, et qui ont très peu d’objets do luxe à frapper. Cependant, la question est partout à l’étude. Les municipalités étudient, exa minent. De cet examen sortiront sans aucun doute des solutions conformes aux vœux des populations et à l'esprit de la loi nouvelle. En attendant cos résultats pratiques, il m’a paru intéressant de rechercher la quantité de boissons hygiéniques absor bées en France, de noter le mouvement des produits qui doivent bénéficier de la réforme des droits d’octroi. du m.rttstèrei*!»»» finances nous donno les chiffres suivants : En 1895, c’est l’année du dernier recen sement, il a été consommé en France : 34 millions 153,725 hectolitres de vin. 8 millions 871,335 hectolitres de bière. 6 millions 726,315 hectolitres do cidre ou poiré. D'où il résulte que notre pays absorbe par an environ 50 millions d’hectolitres de boissons hygiéniques. Mais ces chiffres ne portent que sur les boissons taxées par le fisc. Pour avoir la quantité réelle d’hectoli tres consommés, il faut ajouter aux 50 millions d’hectolitres accusés par la régie les hectolitres consommés en franchise. L’administration donne pour cette ca tégorie les chiffres suivants : 8,675,853 hectolitres pour le vin ; 10,870,477 hectolitres pour le cidre et le poiré. Au total, la France absorbe donc envi ron 70 millions d’hectolitres do vin, cidre, poiré ou bière. Co sont les villes qui boivent le plus, contrairement à ce que Von affirme quelquefois. L'habitant des campagnes, vivant au grand air, d’uno existence moins enfié vrée, malgré les rudes travaux auxquels il se livre, boit beaucoup moins que le citadin. Il y a en France 39 millions d’habitants. Les villes en comptent 10,178,000, et elles consomment 17 millions et demi d’hectolitres do vin. Les campagnes comptent 28,798,000 habitants, et elles n'absorbent que 25 millions d’hectolitres de vin. La région de la France où il se con somme le plus de vin, c'est Paris, et sur tout la banlieue do Paris....