Extrait du journal
^République. Soyez convaincu que M. Thiers n’a point manqué de faire ce calcul ; il est inévitable. L’occasion, d’ailleurs, était bonne; la droite avait donné bien des raisons de se prononcer. Ses intrigues justifient tout. * * * Ce qui a été surtout remarqué à la séance de vendre di, c’est le calme imperturbable de M. Thiers; son sang froid en face de provocations calculées, préméditées, indique qu’il s’attendait à cet orage. Ce n’est point le gouvernement, c’est, l’opposition monarchique et fac tieuse, qui, au détriment des plus chers intérêts du pays, a greffé une question politique sur une question économique. Du sein des tempêtes formidables qu’a soulevées le discours de M. Thiers, un mot, très juste, nous semble avoir parfaitement résumé la discussion : < Le pays constatera de quel côté vient le désordre ! » Les fractions monarchiques coalisées doivent seules porter la responsabilité de ces désolantes agitations. En introduisant la politique dans des débats financiers, les royalistes de l’Assemblée ont prouvé une fois de plus qu’ils mettaient leurs rancunes au-dessus des in térêts du pays. C’est cet acharnement de la droite et du centre droit qui a transformé l’Assemblée nationale en une sorte de halle, où les députés s’invectivent, s’in jurient, se menacent du poing. Un conseiller général d’une des villes du Nord — qui a voté contre M. Derégnaucourt — assistait à la séance d’hier. Il est sorti dé solé, furieux : « Vous devriez, m’a-t-il dit, déposer une » pétition pour la dissolution de l’Assemblée au bas de » l’escalier : au sortir de la salle, après avoir assisté à » ce spectacle désolant, tout le monde signerait ! » ■* * * En parlant de l’admirable récolte de cette année, M. Thiers touchait juste. La cherté amène inévitablement des souffrances, des troubles ; l’abondance consolidera le calme et contribuera efficacement à l’établissement définitif de la République. Tous les épis qui poussent sont républicains ! Nos adversaires savent à merveille l’influence que peut exercer l’abondance ou la rareté des produits. Un des plus fougueux royalistes de la Chambre, recevant hier des nouvelles de son département, s’écriait avec amertume : « La récolte est bonne, nous sommes perdus ! ® JEAN DE BORDEAUX...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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