Extrait du journal

FICELLES ÉLECTORALES Les personnes les plus étrangères aux cho ses de la politique ont pu s’apercevoir, au ton comme au choix des épithètes de certains journaux, que les élections étaient proches. On ne s’est pas encore traite de goujat ou d assassin, mais ces mots sont dans l’air. Ils llottent, attendant l’heure d’être cueillis et utilisés. On sait d’ailleurs ce qu ils signifieront dans la prochaine période électorale : ils voudront dire qu’on n'est pas tout â fait d'accord sur !e mode de perception des impôts. Hélas! que vous importe, bonnes gens: d’une façon ou d’une autre on les percevra, et c'est là que la cote vous blesse... Donc, nous touchons à la période électorale. C’est le moment pour les électeurs de se re cueillir, pour les candidats d’emplir leur sac de trucs, de ficelles et même d’arguments. Si le talent ou l’expérience, la valeur morale, le respect de soi-même et des autres étaient les atouts maîtres de la partie, le dépouillement serait trop vite fait. Par malheur, on ne joue pas souvent au pe tit jeu du scrutin avec ces cartes-là, du moins elles ne suffisent pas. Il faut même parfois faire sauter la coupe et, comme on dit dans la pègre, « maquiller les brèmes •. Or, voici un petit truc électoral qui vient de donner à l’étranger de bons résultats. En l’accommodant aux conditions du vote légis latif, on en pourrait peut-être tirer quelque effet. Nous le recommandons aux candidats ruraux. On votait dans une petite commune d'Ar govie, dit la Borner Volk^zeitung, sur le ra chat des chemins de fer. Un des gros bonnets de l'endroit, très partisan du rachat, avait promis aux électeurs de leur distribuer un hectolitre de vin s'il ne se trouvait pas un seul non dans l'urne. Le jour du vote, les 108 électeurs de la commune, séduits par cette promesse, se présentent tous sans exception au scrutin. Ils étaient tous partisans du ra chat ; on ne doutait pas que le notable ne fût dans le cas de tenir sa promesse. Mais au dé pouillement, il se trouva qu'il y avait 107 oui et 1 non. Un non!... Quel ennemi du vin avait joué aux altérés de la commune ce tour pendable? Enquête, contre-enquête. On finit par dé couvrir que c’était le généreux donateur qui avait voté non. Il avait fait coup double en s’assurant à la fois une majorité imposante et une économie. La colère des électeurs joués est terrible ! Evidemment, quand on emploie des trucs de cette force, il faut savoir la manière de s’en servir et ne pas se faire pincer. Mais il est assez savoureux. Les candidats ruraux pourront ajouter ce bout de lieelle à leur pelo ton. — P. B....