Extrait du journal

Mais cette explication était trop poétique, trop noble, trop belle. Un nouveau savant, M. A.-G. Cameron, vient aujourd'hui affirmer que le cas dont il s’agit doit être considéré comme absolument exceptionnel. D’après M. Cameron, déciaro la Revue scientifique, le squelette, pourtant volumineux, de l'éléphant, ne dura pas longtemps. Ce ne sont pas les intempéries qui lo détruisent, mais bien les ruminants, sauvages ou domestiques. Il ont un goût prononcé pour les os, quels qu’ils soient : ils les rongent donc, et les usent peu à peu.trouvant dans cet aliment exceptionnel des sels minéraux fort utiles à leur nutrition. En deux ans, le squelette peut avoir totale ment disparu. Voilà comment on détruit les plus pures, les plus touchantes légendes. Qu'a donc fait à M. Cameron la race des éléphants pour qu'il s'acharne à la dépouiller de ses vertus ? Au rait-il été trahi par les billes d'ivoire, aurait-il perdu la forte somme dans un match de bil lard? En ce cas, laissons ML Cameron à ses re mords et rendons à l'éléphant notre estime. Il ne faut pas nous laisser vaincre en discré tion par un pachyderme. N’essayons pas de pénétrer le mystère par lequel l’éléphant sc dérobe au culte des siens. Mettons que non cornent d’emporter les regrets de tous ceux qui l'on connu, il emporte aussi son sque lette.— P. B....