Extrait du journal

— Va donc ! fit Olympe avec son franc parler de bohème, je paierai double. Je suis pressée. — Oh I alors... Le fiacre emporta au grand trot Tony et Olympe, ces deux amoureux d’autre fois dont la passion avait été ardente et folle. Qu’étaient-ils devenus l’un pour l’au tre ? Des ennemis I Olympe exerçait toujours son prestige sur cet lionune qui avait été son esclave et qui regrettait sa servitude; mais le malheureux le subissait en rugissant, comme le lion subit le dompteur, comme l'hystérique subit l’ascendant de l’être plus puissant qui l’endort Des désirs de revanche et de révolte lui montaient au cerveau. Pouvait-il, à ses heures de raison, s’empêcher de com parer sa vie d’autrefois à l’avilissement qu’il lui devait ? Il se disait qu’elle l'avait corrompu, qu'elle en avait fait ce qu’il était : un mi sérable et un bandit, voué à la Nouvelle, sinon à pis encore t De plus, il se défiait d’elle; Il sentait que si elle était allée le chercher, c’était poussée par l'autre, par celui qui la lui avait prise et qu’il haïssait à mort. Et cependant il n’osait résister. D’un regard elle le domptait. Ils n'échangèrent pas une parole dans le trajet, qui fut assez long. Lorsqu’ils entrèrent dans les salles bas ses du restaurant, U était presque vide. Au dehors la nuit devenait profonde. Quelques lumières s’alignaient comme dtv sentinelles sur les quais et le pont de la Tournelle qui s’allonge sur lee deux bras de la Reine, dont les eaux re flètent un peu plus loin la grandiose silhouette de ce chef-d’œuvre des siècle» passés, Notre-Dame, et aussi celle de la maison plate et hideuse qui s’appelle la Morgue....