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La Petite Gironde, 15 octobre 1882

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La Petite Gironde
15 octobre 1882


Extrait du journal

volte ouverte contre son évêque, non-seulement au point de Vue politique, mais encore au point de vue catholique. Ce clergé, c’est celui de Poitiers; cet évêque, c’est M. Bellot des Minières, notre compatriote, dont le caractère libéral, tolérant, évangélique et les vertus chrétiennes ont laissé à Bordeaux les meilleurs sou venirs dans toutes les classes de la société, abstrac tion faite, bien entendu, des fanatiques. M. Bellot a remplacé un prélat fougueux, M. Pie, qui avait pour bras droit un ecclésiastique plus fougueux encore, M. Gay, évêque in purtibus d’Anthédon. Les ultra montains et les royalistes espéraient que M. Gay suc céderait à M. Pie. Leur espoir a été d’autant plus cruellement déçu que dès son arrivée dans le dio cèse, M. Bellot, fils d’un proscrit de Décembre, parut sympathique à la République et recommanda aux fidèles de ne point mêler la religion aux luttes de parti. Il fut mis à l’index, tenu en quarantaine par les hobereaux et les créatures de M. Gay. Ce dernier affecta de se poser comme le véritable évêque de Poitiers, et afficha la prétention de réduire à néant l’autorité de M. Bellot. Sous son inspiration, un prê tre s’oublia jusqu’à insulter publiquement ce der nier. M. Bellot, malgré sa douceur bien connue, dut interdire ce prêtre et en appeler au pape, qui lui donna raison. En dépit du pape, M. Gay continua ses hostilités avec une telle audace que M. Bellot, sûr de frapper en lui le chef de l’opposition dont il était l’objet, l’in terdit à son tour. Cette mesure nécessaire a trans formé en folie furieuse l’irritation des ultramontains poitevins. Le chapitre de la cathédrale a tenu une réunion solennelle où il a rédigé contre son évêque un « monitoire » dont les invectives sont à peine dé guisées sous la forme ampoulée, mystique et veni meuse à la fois qui caractérise les haines de prêtre, les plus dangereuses de toutes. Après avoir acrimonieusement récriminé contre M. Bellot, le monitoire se termine par ces mots impertinents : « Malgré tout, nous voulons qu’il n’y ait aucun changement dans notre respect pour votre dignité épiscopale, dont nous vous renouvelons la sacerdotale expression. » Que doivent être, grand Dieu ! les expressions de ces dignes chanoines, quand elles ne sont pas sacer dotales ! Nous n’avons pas à intervenir dans ces querelles ecclésiastiques. Mais il convient de signaler bien haut ce que devient la religion entre les mains des cléricaux royalistes. Voilà tout un clergé qui s’atta que sans vergogne au plus digne, au plus vertueux, au plus sincère peut-être des prélats français, pour le punir de son esprit conciliant, et qui, par-dessus sa tête, porte une mortelle atteinte à l’autorité « in faillible » du pape! Les pharisiens ne sont pas tous morts....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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