Extrait du journal
Il n’y a plus de doute possible. La Chambre a définitivement perdu pied dans la discussion du projet sur la con tribution foncière, et il n’est plus à es pérer désormais qu’elle revienne sur l’eau. D’amendement en amendement, de vote en vote, elle a fait de la loi un fouillis informe et bizarre, une arlequinade, ce quelque chose dont parle Bos suet, < qui n’a plus de nom dans aucune langue ». Par son vote d’avant-hier, elle avait creusé dans le budget un déficit de deux millions et demi; par celui d’hier, elle a fait un nouveau trou de quinze millions, de sorte que des dix-huit mil lions destinés à dégrever la propriété non bâtie il ne reste plus trace. Dispa rus, les dix-huit millions, évaporés, éva nouis en fumée I Quant au projet de loi, mutilé en dix endroits, surchargé en dix autres de végétations parasitaires qui ci: épuisent toute la sève, il ne reste plus qu’à le laisser mourir de sa belle mort. C’est encourageant pour les réfor mateurs! Des réformes, tout le monde en ré clame à cor et à cri. On ferait cent vo lumes tous les ans des projets de ré forme budgétaire qui éclosent dans les cerveaux fumeux des politiciens. Le gouvernement et la commission avaient obéi à la tendance générale. Ils avaient rompu avec la sacro-sainte routine qui, depuis cent ans, régnait en matière de contributions directes et faisait du vote de cette partie du budget une simple formalité à propos de laquelle ne s’éle vaient jamais ni contestation ni diffi culté. Le ministre des finances et la commission du budget s’étaient mis d’accord pour présenter à la Chambre un budget de réforme étudié pratique ment et immédiatement réalisable. Tout le monde convenait que la propriété non bâtie était chargée au-deia de ses forces et que, au contraire, la propriété bâtie ne supportait pas sa part équitable d’im positions. Le projet soumis à la Chambre réparait cette injustice et supprimait cette inégalité. Il semblait que tout dut aller comme sur des roulettes. On sait ce qui est advenu. Le projet du gouvernement a rencon tré contre lui, d’abord les adversaires de la République, décidés o priori à combattre toute proposition gouverne mentale et à troubler l’eau dans l’espoir d’y pécher quelque chose; puis les gens a système, pour qui tout ce qui n’est pas leur propre système est détestable avant tout examen; puis le clan des rempla çants, qui en veulent au cabinet en gé néral ou à un ministre en particulier. Ceux-là ont mené le branle contre le ministère, ils ont trouvé des auxiliaires trop nombreux parmi ces députés qui, dans un but de popularité, sont toujours disposés à voter des dégrèvements, sans se préoccuper des moyens de remplacer les millions qu’ils enlèvent au budget. Nous savons parbleu bien que l’idéal du dégrèvement serait la suppression de tout impôt; mais on ne connaît jusqu’à présent que la principauté de Monaco qui ait trouvé le moyen d’alimenter ses services publics sans rien demander aux...
À propos
Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.
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