Extrait du journal

— Mais, fit Olympia, c’est un vrai dra me que tu nous racontes là. Ce qui est certain, c’est que tu as volé cette enfant... — C’est ma fille que Dieu ma rendue 1 gémit la Louve. — Et dans quel pays étais tu ? — Je ne sais pas. — Tu ne connais pas le pays où tu es restée si longtemps ? — Non. — Mais alors, pourquoi es-tu revenue ? — Parce qu'il y avait des chasses, parce qu’on tirait dos coups de fusil. Alors j’ai eu peur qu’on ne tue ma fille... et je me suis enfuie. • Et avec un rayonnant sourire elle ajouta : — Mais je n’étais plus seule : je serrais cette fillette adorée dans mes bras. Elle riait de me voir rive, et je sentais autour de mon cou la caresse de ses petits bras. Ah ! je l’ai tout de suite aimée, celle-là. autant que l’autre, celle que les hommes noirs m’ont volée ! C’est mon enfant A moi, vois-tu, que Dieu m’a rendue. Elle secouait la’ tête maintenant, com' me pour chasser tous ces souvenirs si près encore dans sa vie et si douloureux tou jours A sa pauvre Ame déchirée. Des bras de Bobino elle enleva l'enfant, la berça, lui donna le sein; et, épuisée par tant d'émotions, elle parut s’assou pir. — La Louve gagnera largement sa vie, dit Olympia; tout le monde croira que l’enfant est & elle, et les âmes charitables, à la vue de cette mère si jeune et de ce bébé si gentil, seront prises de pitié et rempliront de gros sous la main de ta Louve. — Bien raisonné, ma femme, fit Bobino. Nous n’avons plus qu’à adopter tout à...