Extrait du journal

Depuis quelque temps, on parle beaucoup dans les journaux de l’éventualité, qu’on dit prochaine, d’une guerre européenne. On en parle même trop, et, à notre avis, avec une légèreté plus que blâma ble, car les rumeurs de ce genre risquent de trou bler profondément les transactions commerciales, qu’il s’agisse de celles que provoquent les fêtes de Noël et du Nouvel An ou des marchés à longs ter mes, et certes les affaires ne sont pas chez nous ni ailleurs tellement brillantes qu’on puisse se faire un jeu de les entraver en répandant l’alarme. Ajou tons bien vite que les principaux coupables sont les journalistes anglais, que notre attitude dans la question d’Egypte préoccupe et agace, et qui se raient bien aises de détourner notre attention de ce qui se passe sur les bords du Nil pour la lixer vers les frontières du Rhin. Que le parti militaire allemand nourrisse, comme il l’a toujours fait d’ailleurs, des projets belliqueux, c’est possible et probable. Que M. de Bismarck évoque le spectre de la revanche pour arracher au Reichstag les crédits que celui-ci lui marchande, rien de plus nanaturel : c’est la tactique qu’il a toujours suivie en pa reille circonstance, et qui, finalement, lui a presque toujours réussi. Mais la vraie question est de savoir si le peuple allemand s’associe aux passions des chefs militaires et si le gouvernement de la Confédéra tion, y compris MM. de Bismarck et de Moltke, sont biçn sincères, non pas seulement quand il nous prête...