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La Petite Gironde, 22 décembre 1886

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La Petite Gironde
22 décembre 1886


Extrait du journal

à jamais dans l’obscurité tranquille du cloître. Ce fut dans ce sens qu’elle s’ouvrit au chevalier de Méré, qui fréquentait assidûment le salon de sa marraine. Le chevalier, un homme de goût, était lié avec Scarron, lequel demeurait justement en face de l’hôtel de Neuiliant. Tout poète et tout gueux qu’il était, Scarron se permettait, de temps en temps, quelqu’une de ces bonnes actions qui font hausser les épaules aux gens riches. — Monsieur de Méré, répondit l’écrivain, je pui serai dans la bourse de mes connaissances, et, au besoin, dans la mienne propre, pour parfaire la somme nécessaire à votre intéressante orpheline. Le chevalier alla porter cette bonne nouvelle à la fillette, qui, toute joyeuse, accourut chez son bien faiteur pour le remercier. Mais en la trouvant si jeune, en la voyant si jolie, en l’entendant s’exprimer si élégamment, le poète changea d’avis : — Mademoiselle, lui déclara-t-il, je ne vous don nerai pas un sou pour entrer en religion. Et, comme la pauvrette fondait en larmes : — Attendez donc, reprit le bonhomme, j’ai autre chose â vous proposer... — Et quoi donc?.., — Voulez-vous m’épouser? Mes gens me font en rager, et je ne puis les battre. Mes amis m’aban donnent, et je ne puis courir après eux. Quand ils seront commandés par une jeune maîtresse, mes valets obéiront, et quand ils me verront une jolie femme, mes amis reviendront chez moi. Je vous accorde huit jours pour réfléchir. Tout cul-de-jatte qu’il était, Scarron était à la mode. Il avait une réputation de gaîté qui surpas sait encore sa réputation d’écrivain. A force de le regarder, mademoiselle d’Aubigné s’habitua à sa personne... . Quelques jours après leur mariage, elle écrivait à son frère : < Je viens de contracter une union où le cœur entre pour peu de chose, et où, en vérité, le corps n’entre pour rien. »...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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