Extrait du journal

— Et nous de môme, monseigneur, » répétèrent les membres du chapitre, les uns après les autres, avec humilité. Le commissaire royal parut enfin éprouver un doute sur la culpabilité de ces pauvres religieux. Il était juge sévère, mais sa piété était sincère et profonde. Il fit deux ou trois tours dans la salled’un air pensif, puis il vint s’agenouiller en silence de vant un crucifix d’ivoire qui décorait un panneau de la boiserie. Après avoir prié un moment, il se releva et dit aux moines, qui avaient repris leur altitude silencieuse et recueillie : « Excusez moi, mes pères; j’ai péché par excès de zèle et de présomption humaine; jusqu’ici, je n’ai pas apporté dans cette affaire la patience et la mo dération que vous deviez attendre d’un juge... Mes pères, je suspendrai l’effet de mes menaces pendant une heure, à partir de ce moment. Dans cet inter valle peut-être, Dieu vous inspirera-t-il le repentir et la confiance; mais si vos cœurs restaient endur cis, vous ne vous en prendriez qu’à vous des suites de votre obstination. » Délibérez donc aveccalme; je vais attendre dans une cellule voisine le résultat de vos réflexions, et, l’heure expirée, je viendrai savoir votre réponse.... Que la paix soit avec vous, mes révérends pères! » Et il sortit d’un pas rassuré, laissant les moines libres de se communiquer leurs craintes et leurs projets. Après son départ, les lamentations continuèrent,...