Extrait du journal

Le piqueur et Gervais obéirent. Quand ils se fu rent éloignés, Léonce demanda vivement : « Mon bon oncle, que se passe-t il donc ? Votre subite détermination, cet empressement à me voir partir, quand, ce matin encore, vous paraissiez éprouver tant de répugnance pour ce voyage, me donnent à penser... Et puis vous êtes pâle, vos joues portent des traces de larmes... Que vous est-il arrivé ? — Vous ne vous attendiez pas sans doute, mon en fant, à ce que notre séparation pût s’accomplir sans de vifs regrets de ma part ?... Mais laissons cela, mon cher Léonce, et écoutez mes conseils, les derniers sans doute que vous recevrez de moi d’ici à bien longtemps. » Il donna en peu de mots, à son neveu, des ins tructions sages et pleines de prudence, auxquelles le jeune homme promit de se conformer. Puis il poursuivit avec émotion : « Et maintenant, mon fils, encore une recomman dation plus sérieuse que vous ne pourriez le croire... J’ai cherché déjà bien des fois à vous pré server de certaines calomnies que des ennemis puissants se plaisent à répandra contre les pères de Frontenac, contre moi-même. Fermez toujours l’oreille, je vous en conjure, à ces détestables men songes. Quand le monde entier s’élèverait contre nous, laissez moi espérer que vous nous garderez pieusement dans votre cœur des sentiments d’es|f me et de reconnaissance....