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La Petite Gironde, 22 août 1907

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La Petite Gironde
22 août 1907


Extrait du journal

Cette situation ambiguë aurait pu se pro longer indéfiniment si la jolie femme n’a vait appris par la lecture d’une lettre ano nyme que son poétique adorateur était l’homme glabre qui, deux fois le jour, lui disait avec une.froide correction: — Madame est servie. Elle eut le tort de mal prendre la chose et de chasser Ruy-Blas, qui eut l’autre tort de résister ; d’où l’intervention des sergents et l’esclandre grâce auquel l’affaire vient d’être enregistrée dans les petites annales de la vie parisienne. Cette aventure me rappelle un jeune va let de chambre qui était au service d'un de mes proches parents, et dont T. me lyrique s’épanchait eu vers vraiment inattendus. Le hasard me mit entre les mains une de ses poésies, que j’eus l'impardonnable tort de ne pas conserver. Du moins en ai-je gar dé le souvenir du premier vers et du der nier, ceux qui, peut-être, avaient eu le plus de mal à jaillir de sa veine poétique. Voici le premier ; il a l’évident mérite de n’être point banal ; Le flambeau Go l’hymen est le but que J’aspire. Cette pensée très noble était développée en quelques strophes dont la dernière so terminait par ce beau cri, qui semble un écho lointain des temps chevaleresques ^ Le fltrabrm rte l'hymen sera mon étendard I Ce nctit valet de chambre bien doué pour la métaphore, et en qui flambait tire âme de trouvère, parvint à atteindre le but qu'il avait aspiré. Il s’appelait Désiré, et réalisait le type idéal du Jocrisse. Après avoir payé sa dette à la France militaire, il alluma le flambeau do l’Hymen avec le concours d’une veuve déjà sur le retour et qui s’adonnait au com merce des chaussures. La fatalité a de ces caprices ironiques. Elle avait décide que Désiré serait voué aux cuirs, et qu’aprèi en avoir émaillé scs vers immortels, il les retrouverait sous for me de bottines et de pantoufles dans une existence prosaïque. Je l’ai aperçu récemment sur le pas de sa boutique ; il a fait semblant de ne point me reconnaître. Il a eu tort, car il aurait salué en moi un de ses admirateurs. Albert ROBERT....

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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