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La Petite Gironde, 22 octobre 1905

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La Petite Gironde
22 octobre 1905


Extrait du journal

roses blanches, et le voile de mousseli ne claire qui l’enveloppait tombait sur ses pieds. Elle faisait sa première com munion. Son père était là, grave, re cueilli, à sa place habituelle, du côté des hommes. Su mère aussi était là, ver sant des larmes de joie, qu’elle cachait en mettant sur sa figure son livre de messe ouvert. Elle aspirait l'odeur de l'encens dont la fumée montait en spirales à la voûte du temple. Et tout à coup, à l’élévation, après un silence, quand tous les fronts étaient courbés, des milliers de voix ve nant du ciel se faisaient entendre.C’était le céleste concert des joies ineffables, le concert des anges. Le silence se faisait de nouveau. Mais pourquoi ce jour était-il ai beau pour Marie ? Pourquoi ce soleil de mal étaitil plus éclatant que jamais ? Pourquoi aux arbres une si belle verdure qu’elle croyait la voir pour la première fois ? Pourquoi les fleurs avaient-elles de si doux parfums ? Pourquoi les oiseaux chantaient-ils comme Ils n’avaient ja mais chanté ? Pourquoi dans l’air tant de joie et de bonheur ? Ah 1 pourquoi, pourquoi !... C’est que, sur le seuil de l’église, au moment où elle y entrait, conduite par sa mère, un jeune homme de vingt ans, qu’elle n’a vait pas vu depuis longtemps, s’était trouvé devant elle et lui avait mis dans la main un livre à fermoir d’argent, à dos d’ivoire, avec couverture de velours blanc, ayant un écusson sur lequel on lisait, incrusté en lettres d’or, le mot : « Marie. » Ce jeune homme, qu’elle ne s’attendait pas à voir et qui venait ajouter, par sa présence, à la beauté, à la splendeur de ce jour de fête, c’étaJt André Clavière, son ami d’enfance, son frère. Le matin, n’avait-elle pas pleuré en pensant à lut et en se disant : — Il ne sera pas Ut f Et II était venu, ét une grande partie de cette journée, elle la passerait; avec lui... Ce n’était ps» un rêva ni même...

À propos

Au début simple déclinaison à prix modique du journal La Gironde, La Petite Gironde devient de plus en plus autonome à la fin des années 1880, lorsque sa diffusion dépasse – et de très loin – celle de son vaisseau-mère pour atteindre les 200 000 exemplaires à l'orée de 1914. Centriste modérée à l'origine, sa ligne éditorialse se droitise au fil des ans, jusqu'à devenir proche de celle de L'Action française dans l'agitation de la Première Guerre mondiale. Sans surprise, le journal sera collaborationniste en 1940, puis interdit en août 1944.

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