Extrait du journal

— Dans cette région des aigles, on ne vit pas comme nous, à nos heures... Enfin, essayons tout de même!... Gazai marchait vite. U pénétra brutalement dans la cabane, fier de cette autorité de maître qu’il se donnait partout. Rien ne bougea. Par des croisées sans rideaux, le jour pénétrait tout vif, réveil lant la propreté polie des murs de planches, fleurant l’odeur saine du bois. Gazai poussa une petite porte. Là, dans un réduit, dormait un vieillard, complètement habillé, le béret sur le vi sage. U dormait bienheureux, étendu sur la paille. — Ouais ! cria Gazai. Nous voudrions manger... Tu n’as rien? Le vieillard se redressa. Et tout simple : — Si ! répondit-il. Asseyez-vous dans la cabane. Accoutumé à ces visites imprévues, aux bizarreries vagabondes des touristes, il s’ébroua un peu, se leva, guilleret et sou riant, disposa sur une table quelques assiettes, un litre de vin, des vivres qu’il abritait sur un petit grenier de planches. Les doux camarades attablés s’assouvi rent à leur aise, retrouvant du courage à mesure, et comme si jamais nulle inquié tude n’eût troublé leur sérénité. Le vieillard les admirait, envieux de leur appétit. Gazai, familier, l’interrogea • — Comment donc es-tu seul ici ? — Je suis seul l’hiver. Les visiteurs ne viennent qu’à la belle saison, au printemps notamment, au plus fort de la cascade. Mon gendre et ma fille montent m’aider... Nous avons de l’ouvrage, nous vendons des photographies du pays, de l’ôtablisse-...