Extrait du journal

CAUSETBIK Il ne manque jamais de gens qui ont l’intention et qui prétendent avoir les moyens de sauver la patrie ou de résoudre les plus graves problèmes politiques, éco nomiques et sociaux. Il suffit de poser une question non point pour la voir résolue, mais pour voir affluer les solutions les plus diverses et parfois les plus contradictoires. Par deux fois déjà, depuis une semaine à peu près, j’ai parlé ici des difficultés que rencontrent le» fille» dépourvues de dot à trouver des maris, et je n’ai pas dis simulé l’embarras où je me trouverais s’il me fallait indiquer à ce mal un remède efficace. C’est qu’on ne doit point trop en vouloir aux jeunes hommes dénués de for tune personnelle eux-mêmes s’ils refusent de s’unir en mariage avec une fille sans dot. Au prix où sont les loyers, les vivres, les vêtements et les autres accessoires de l’existence, un ouvrier ou un employé — un employé surtout, qui ne gagne guère davantage, et qui est tenu à une '« repré sentation » plus coûteuse — gagnent bien juste pour eux-mêmes, et ne peuvent pren dre une femme sans se condamner et sans la condamner à la gêne et aux privations. Il est vrai que la femme, d’après les tendances actuelles, peut exercer elle-mê me un métier et apporter son gain person nel au ménage. Mais si les enfants arri vent, adieu le métier 1 Absorbée par les soins du ménage et des mioches, la femme ne pourra plus travailler « de son état», et cela au moment même où les enfants occasionneront un surcroît de dépense. Or, voici qu’un de mes lecteurs veut bien m’écrire pour m’indiquer un moyen élé gant et pratique de résoudre ce problème. Le procédé en question aurait pour but, et aussi pour résultat, d’assurer aux employés mariés des places plus lucratives. Certains d’avoir des appointements plus forts en se mariant, les employés se marieraient plus volontiers. C’est simple et rationnel à la fois. C’est peut-être trop simple, car en sem blable matière, on doit toujours compter avec les complications imprévues. Mais je ne veux pas, je ne dois pas faire à mon correspondant !e chagrin de discuter son système sans l’avoir fait1 connaître. Voici donc l’exposé de scs idées, tel qu’il veut bien me le présenter. Sachez d’abard qu’il en avait fait au préalable la démonstration à plusieurs demoiselles ayant déjà coiffé sainte Catherine, et qu’il avait obtenu d’el les des encouragements aussi flatteurs que désintéressés :...