Extrait du journal

lui-là ne passe nullement pour manquer d'audace. — J’espèro bien, je vous le répète, qu’il ne s’occupe point de moi. — Ta! tu! ta! c’est impossible. Il t'aime, J’en réponds. — Je ne veux pas vous croire, ma tante. — Tu as tort, l’amour est contagieux, Georges t’aime, puisque tu l'aimes. — Jo ne suis pas sûre de l uimer, et d’ailleurs il l'ignore, il l’ignorera tou jours. — Les hommes n’ignorent jamais ces choses-là, il» ont un instinct merveilleux pour les deviner; et puis, vois-tu, mon pauvre agneau, ta candeur même est compromettante; les battements de ton pe tit cœur ne sauraient échapper aux re gards d'un amant, puisque des yeux dé sintéressés les remarquent. Marie fit un mouvement de surprise et d’effroi. — Que dites-vous? s’écria-t-elle. Qui donc a deviné ce que Je ne m’avouai» point à moi-même? — Moi, d’abord, répondit Sylvanire, fort empressée de mettre en relief sa pré tendue perspicacité, et je ne suis pas seule. Il n’y a pas une heure, en m’ha billant. Flore me parlait de tout cela. — An! s’écria la comtesse avec un véri table désespoir. Devais-Je arriver à cette honte! Une femme de chambre prétend lire les secrets funestes que je croyais si bien cachés au plue profond de mon cœurl Marie enfouit son visage bouleversé dans ses deux petites mains et se prit à sangloter amèrement. — Ma nièce mignonne, fit la douairiè re, calme-toi, je t’en supplie! 11 n'y a rien que de fort ordinaire dans ce que je viens de t’apprendre. Quand tu aura» un peu plus l’expérience de la vie, tu sau ras que jamais grand homme n’eut de mystères pour son valet de chambre, ni Jolie femme oour sa camériste. Bien fou...